Connexion
Le président du Groupe Gambetta, Norbert Fachon, signe une tribune que nous vous livrons ci-dessous…
La France ne semble plus capable de sérénité institutionnelle. Elle paraît désormais inapte à se choisir un gouvernement stable ou une majorité, à voter un budget, à se fixer un cap sur l’essentiel : réduire un déficit abyssal et apurer une dette qui menace nos équilibres. C’est un cancer démocratique qui ronge le pays, et sur le traitement, les partis politiques ne tombent pas davantage d’accord.
Pourtant, des lois sont votées, des textes réglementaires publiés. Des compromis se forment, avec une méthode transpartisane et une concertation avec les corps intermédiaires. Peu de domaines y sont parvenus, mais le logement a montré qu’il pouvait être ce ciment de la nation. Dans l’intérêt des ménages, il faut vouloir qu’il le reste.
Sur le logement, le diagnostic est unanime. Insuffisance d’offres, cherté, nécessité de rénover un parc obsolescent, déséquilibres territoriaux : aucun désaccord sur les maux, ni sur leurs conséquences – tensions sociales, désolvabilisation de la demande, frein à la compétitivité, entrave à la réindustrialisation, affaiblissement démographique.
La ministre du Logement, Valérie Létard, a su, par sa connaissance du secteur, sa détermination et son action, faire bouger les lignes économiques et idéologiques. Les victoires obtenues depuis 2024 en témoignent : élargissement du prêt à taux zéro à la maison individuelle et à l’ensemble du territoire, exonérations fiscales pour la transmission familiale et l’investissement locatif, ou encore amortissement des logements neufs et existants.
Ces mesures, inscrites dans les budgets 2025 et 2026, devraient rallier une majorité de parlementaires, de l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par le bloc central. A juste titre, puisque, comme Valérie Létard l’a affirmé haut et fort lors de la REF (Rencontre des Entrepreneurs de France), le logement génère 53 milliards d’euros de recettes nettes pour l’Etat. Or, ces revenus pourraient, dans un contexte de dette publique extraordinaire, être mis au service de la croissance du pays et, ainsi, permettre au logement de jouer son rôle de moteur de la relance économique.
La situation peut-elle durer ? Résistera-t-elle au durcissement des positions à l’approche des municipales, puis de la présidentielle, voire d’une nouvelle législative ? Les partis ont tendance à accentuer leurs différences, au moment même où le pays a besoin d’unité. Pourtant, le logement peut transcender ces clivages, et les Français n’accepteront pas que la classe politique échoue à leur apporter des réponses tangibles.
Il existe aujourd’hui un véritable front républicain pour le logement, malheureusement introuvable dans d’autres domaines. Peut-être faut-il y voir un signe : et si le logement donnait l’exemple d’une politique qui transcende les partis, pour le seul bénéfice des ménages et de la nation ?
Acceptons-en l’augure.
Norbert Fanchon
Président du Groupe Gambetta