La disparition du bureau parfois annoncée au plus fort de la pandémie n’est décidément plus d’actualité. De nombreux salariés sont prêts à passer deux, trois ou même quatre jours par semaine en présentiel pour retrouver leurs collègues, mais cela va dépendre du cadre de travail offert par l’entreprise. En France, on télétravaille d’ailleurs moins que dans le reste de l’Europe ou en Amérique du Nord : 0,7 jour par semaine en moyenne, contre 1,9 aux Etats-Unis, 1,7 au Royaume-Uni, 1,2 en Allemagne ou encore 1,1 en Espagne(1).

Pourtant, faire revenir les salariés au bureau n’est pas chose aisée. Les DRH interrogés par nos soins n’hésitent pas à confier que la réorganisation des modes et des espaces de travail occupe une part croissante de leur activité. Le niveau d’exigence monte et le collaborateur désire désormais retrouver sur son lieu de travail des services auxquels il n’a pas accès chez lui.

Effectuer chaque jour de longs déplacements, souvent dans des transports en commun bondés au sein des grandes métropoles, doit pouvoir se justifier à l’heure du tout numérique et des réunions en visioconférence. Alors, le bureau est sommé d’être un lieu agréable, situé dans un quartier vivant et offrant des lieux de détente et des services à proximité, voire en son sein même (service de conciergerie, espace fitness…).

Moins de surface dédiée aux bureaux, mais un réel investissement dans l’aménagement et les services pour une montée en gamme des espaces

Mise en place du « flex office » ou encore système de réservation d’un poste de travail, via une application, chaque entreprise revisite l’attribution des postes de travail individuels avec pour objectif de rationnaliser l’occupation réelle des espaces.

Si la surface allouée à chaque collaborateur a tendance à diminuer, cela ne signifie pas pour autant que les entreprises réalisent des économies sur leur poste immobilier. Le budget dédié aux travaux est effectivement resté identique postpandémie, avec un coût au mètre carré compris entre 800 et 1 800 euros. Il s’est, en revanche, déplacé pour être majoritairement tourné vers l’aménagement des locaux – achat de mobilier modulaire et écoresponsable et investissements technologiques principalement – plutôt que sur la construction.

Au-delà de la nécessaire adaptation du lieu de travail, l’emplacement du bureau dans un quartier attractif et facilement accessible en transports en communs et à vélo (centres-villes) reste, bien entendu, un facteur primordial pour attirer et fidéliser les talents. La forte pression sur les loyers dans le centre de la Capitale témoigne de ce phénomène. Avec un taux de vacance sous la barre des 2 % et des loyers « prime » qui caracolent au-dessus des 1 000 euros (HT, HC)/m², trouver des locaux adéquats et abordables dans le centre de Paris relève désormais de l’exploit. Une opportunité pour les (nombreux) immeubles vacants de la première couronne ?

L’avenir nous le dira.

(1) Rapport d’EconPol Europe, « Working from home around the globe », 2023

"Le bureau : pierre angulaire des stratégies RH" par Bénédicte Detroulleau (Avison Young)