Vous venez d’être élu nouveau président de la Fnaim. Quels seront les grands axes de la politique que vous mènerez à partir du 1er janvier 2023 ?

Je m’inscrirai naturellement dans la continuité du programme et des actions conduites par Jean-Marc Torrollion, dont j’ai été le président-adjoint pendant quatre ans. Je veillerai donc, dans un premier temps, à finaliser les dossiers en cours. De plus, le début de mon mandat sera immanquablement corrélé à l’actualité, et nous devrons être très réactifs à tout nouveau texte de loi ou autre événement à même d’impacter le marché de l’immobilier et nos professions. Par ailleurs, je pense que la conjoncture actuelle peut être riche en bouleversements nécessitant la mobilisation de toutes et de tous afin de défendre les entreprises. D’autre part, je compte faire des propositions volontaires en matière fiscale. Cela découle notamment d’un constat, à savoir que le marché du neuf est en panne, avec des chutes simultanées de la construction et de la commercialisation. Ce n’est pas parce que nous sommes des acteurs du marché de l’existant que nous ne devons pas porter d’attention à celui du neuf. Aujourd’hui, le marché de l’investissement du neuf, qui était jusqu’ici largement convoité par les investisseurs à usage locatif, commence à être moins incitatif pour des raisons évidentes liées à la remontée des taux d’intérêt et à la stagnation des taux de rendement, voire même à leur diminution. La rémunération de l’investissement est actuellement orientée à la baisse. Il faut donc qu’une nouvelle couche de la population retrouve de l’intérêt pour l’achat immobilier, notamment les primo ou secundo accédants. J’ai l’intention de m’entretenir avec Olivier Klein (ministre de la Ville et du Logement) et, éventuellement, avec Bercy, afin de leur fait comprendre que l’on doit avoir une dotation budgétaire à l’égard des primo-accédants qui leur permette de bénéficier des mêmes avantages financiers que ceux dont bénéficient aujourd’hui les investisseurs à usage locatif. Pour rendre la chose plus concrète, lorsqu’un investisseur achète un appartement disons à 300 000 euros et qu’il le loue pendant deux ans, il dispose d’une réduction d’impôts de 63 000 euros grâce aux 21 % de remise. Pourquoi ne pas transférer cet avantage fiscal à un primo-accédant ayant besoin de se loger ? C’est une question d’équité fiscale ! Il faut impulser une nouvelle dynamique et donner de l’oxygène au marché du neuf. Nous n’avons aucun intérêt à avoir un taux de construction inférieur aux besoins de notre marché, sous peine de mettre celui de l’existant sous une pression asphyxiante.

La hausse constante des taux d’intérêt est aussi une vraie inquiétude pour les acteurs de l’immobilier. Quelle est votre opinion ?

Nous sommes réellement partis sur un cycle haussier des taux d’intérêt. Cela frappe de plein fouet les capacités de financement de nos acquéreurs, ce qui se traduira par un marché en berne et une baisse généralisée des volumes. Les emprunteurs sont aujourd’hui confrontés aux restrictions des établissements bancaires, avec un taux d’usure qui n’est pas actualisé et une frilosité importante des banques. Or, nous allons assister à de plus en plus de reventes d’appartements ou de maisons pour lesquels des emprunts à des taux préférentiels par rapport aux conditions actuelles auront été contractés par le passé. Chez la FNAIM, nous réclamons une transmission de ce crédit immobilier contracté, soit sous forme de portage, soit transmis à un nouvel acquéreur qui pourra bénéficier des mêmes conditions d’origine. C’est une mesure simple qui ne coûte rien à l’État et n’enlève rien aux banques car le résultat avait déjà été anticipé. C’est une simple mesure d’accompagnement du pouvoir d’achat des ménages, pragmatique et efficace.

Certains membres de la Fnaim, dont vous faites partie, ont parfois eu des mots durs à l’égard des Réseaux de mandataires. Cela a provoqué le courroux de leur président, Vincent Pavanello, qui a dénoncé dans une tribune une tentative d’entrave à la concurrence. En faisant fi des polémiques, quel est votre véritable avis sur la question ?

Je ne suis pas contre les réseaux de mandataires dans l’absolu, mais je souhaite que les pratiques professionnelles soient conformes à la loi et aux règles. Je suis légaliste et j’attends, depuis la loi Alur du 24 mars 2014, la mise en œuvre d’un décret de formation qui était inclus dans la loi. Il est logique de disposer d’une formation minimale pour travailler dans l’immobilier ; cela est nécessaire et indispensable. Je ne connais pas un seul métier s’exonérant d’une formation professionnelle. Je suis pour l’entreprenariat mais assorti d’un savoir minimal. Je ne pense pas que 50 heures de formation à suivre soit le bout du monde ! C’est simplement la contrepartie d’un minimum de qualité et d’accompagnement du consommateur. L’immobilier est un métier complexe qui ne s’improvise pas, comme n’importe quelle profession par ailleurs. Que les réseaux de mandataires soient passés de 4 000 à 81 000 membres en dix ans, je trouve cela anormal. Il faut se prémunir d’une croissance trop rapide et trop importante d’intervenants n’ayant pas forcément les prérequis nécessaires à l’exercice du métier. Je me battrai toujours pour élever le niveau de formation des collaborateurs et qu’ils disposent tous d’une carte professionnelle en bonne et due forme.

Trois questions à Loïc Cantin, nouveau président de la FNAIM