Vous avez cité un chiffre qui montre l’étendue des difficultés actuelles : 25 % des logements autorisés ne sont effectivement pas construits ?

Ce chiffre est révélateur d’une situation inquiétante : le logement individuel redémarre fortement ; le collectif patine. Beaucoup de raisons s’additionnent : les entreprises sont confrontées à une hausse des matériaux de construction et augmentent leurs prix ; beaucoup de promoteurs hésitent donc et remettent à plus tard, voire abandonnent complètement des projets qui paraissent hasardeux. Et cette situation de raréfaction de l’offre ne peut que renchérir le prix de l’immobilier en général.

Comment analysez-vous l’attitude des pouvoirs publics dans ce contexte ?

A l’opposé de ce qui s’est passé dans les années 1960-1970, nous sommes confrontés, désormais, à une administration qui pense que le logement idéal n’est pas le logement neuf. Pour beaucoup, construire, ce n’est pas un acte « moderne ». Et cet état d’esprit a gagné également pas mal d’élus des territoires…

Que pensez-vous de l’interdiction de louer les « passoires thermiques » ?

Le logement HLM est moins impacté par cette mesure, mais si on la considère globalement, c’est six millions de logements qui vont ainsi devenir obsolètes à relativement court terme. Avec un signal de déclassement très fort adressé aux bailleurs, mais aussi aux habitants. Cette mesure, dont je comprends – et partage – parfaitement les objectifs, est trop violente dans son application : elle devra – obligatoirement – être aménagée.

Êtes-vous inquiets pour l’avenir ?

Même si beaucoup de signaux sont inquiétants, il ne faut certainement pas sombrer dans le catastrophisme. Nous sommes face à un changement des conditions du marché, nous allons devoir nous adapter. Et c’est ce que le groupe Gambetta va faire. Avec des points positifs : d’abord, la « révolution verte » que nous poursuivons avec des coûts qui, au fond, sont certainement moins élevés que prévus. Si, en 2022, notre production a baissé de 10 % par rapport à nos objectifs (entre 1 000 et 1 100 logements), nous espérons en construire 1 300 en 2023. Mais, bien sûr, pas à n’importe quel prix.

Norbert Fanchon (Gambetta) : « il ne faut pas sombrer dans le catastrophisme, mais… »