Pourriez-vous décrire à nos lecteurs le concept des Maisons Marianne ainsi que les circonstances du rapprochement avec Atland ?

Maisons Marianne, entreprise créée en 2008, propose une forme d’habitat intergénérationnel. En 2020, Atland a racheté 60 % de l’entreprise, alors présidée par Eric Vialatel, avant d’acquérir 100 % du capital début 2024, à l’issue du schéma de transition. Dès sa création, l’entreprise Maisons Marianne (alors appelées Les Maisons de Marianne) s’est rapprochée des collectivités territoriales et des mairies pour leur proposer des constructions de résidences intergénérationnelles, mêlant à la fois jeunes actifs, seniors et familles monoparentales. Nous avons établi de longue date des partenariats avec des promoteurs de premier plan, comme Nexity ou Altarea, dans un système de co-promotion à 50/50, ou alors en participant à la sortie de terre des projets dans un rôle d’AMO (assistance à maîtrise d’ouvrage)/AMU (assistance à maîtrise d’usage). Dans tous les cas, Maisons Marianne est le trait d’union entre les collectivités et le client final, à savoir les bailleurs sociaux qui nous achètent, en bloc, des bâtiments pour les intégrer au parc social dans le cadre de la loi SRU (PLAI, PLUS, PLS, PLI). Si le quota de logements sociaux de la commune ou de l’intercommunalité est rempli, nous pouvons également intégrer nos résidences au parc intermédiaire.

Quel est l’objectif principal poursuivi par l’entreprise ? Mélanger des populations qui ne se rencontreraient pas sans ce dispositif ?

Nous souhaitons avant tout répondre à la problématique de l’isolement, quel qu’il soit. Ce fléau est en hausse constante depuis 40 ans, renforcé par la multiplication des outils numériques à disposition. Nous voulons apporter des alternatives, alerter les élus, recréer de la mixité et recoudre un lien social qui s’effiloche. De plus, nos logements sont 100 % adaptés aux publics visés, notamment les seniors et les personnes en situation de handicap : des ascenseurs desservent des étages, les appartements disposent de salles de bains adaptées aux personnes à mobilité réduite, de même que le mobilier est pensé pour leur faciliter le quotidien. La décoration et la signalétique des parties communes sont différentes à chaque étage pour égayer les lieux, créer des espaces différenciés pour que l’endroit ne ressemble pas à un hôpital austère et lugubre. De plus, au rez-de-chaussée, un espace de vie partagée est aménagé dans chacune des résidences, sorte de salon convivial d’une centaine de mètres carrés. Il y a aussi des animations ponctuelles ou récurrentes s’inscrivant dans le cadre de ce projet de vie partagée. Nous disposons enfin d’un personnel qualifié partageant son emploi du temps entre trois résidences voisines au cours d’une semaine, pour une moyenne d’une à deux journées passés par site. Pour les seniors, cette disponibilité et la sociabilité rencontrée dans nos établissements ont vocation à favoriser leur maintien à domicile le plus longtemps possible ; nous voulons retarder le plus possible le moment où leur état de santé nécessitera le recours à une aide médicalisée et donc leur placement au sein d’un Ehpad.

Pourriez-vous nous présenter en quelques mots votre association, Marianne Solidarités ?

Il s’agit d’une association financée à 100 % par Maisons Marianne afin de déployer les projets de vie partagée. De plus, Marianne Solidarités se place en partenaire des départements sur l’aide à la vie partagée (AVP), qui regroupe des dispositifs et des financements ayant vocation à accompagner les seniors pour faire en sorte qu’ils se sentent le mieux possible dans leur logement, leur environnement, leur tissu social direct. Quand on bénéficie d’un financement AVP (octroyé par la CNSA, soit Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie), cela nous engage à assurer un suivi plus étroit de la personne senior. C’est avant tout la poursuite d’une vie sociale assidue et constante qui éloigne les plus âgés des établissements médicalisés.

Les collectivités et les associations de riverains vous suivent-elles dans la démarche qui est la vôtre ?

Je pense que le fait que nous ne faisons pas du HLM stricto sensu, bien que ça en soit dans les faits, participe à une certaine tolérance des riverains. Nous proposons des Maisons Marianne, des lieux de vie intergénérationnels, ça n’est pas la même chose qu’une barre HLM impersonnelle qui pourrait rebuter le voisinage et les associations de riverains. Notre concept accroît le niveau d’acceptabilité des projets immobiliers. En revanche, la tendance est au rétrécissement des projets, qui comportent traditionnellement, pour chacun d’entre eux, entre 50 et 120/130 logements. Aujourd’hui, vous proposez à un élu un bâtiment de 80 ou 90 logements, cela va être compliqué d’obtenir gain de cause, même si les besoins sont là. Si l’on ajoute à cela une certaine frilosité des maires à délivrer des permis de construire à la veille des élections municipales, vous pouvez vous figurer le tableau des difficultés auxquelles nous sommes régulièrement confrontés.

Combien de Maisons Marianne comptabilisez-vous à date ? Quels sont vos objectifs ?

Nous en avons actuellement 45, et nous atteindrons les 50 résidences au dernier trimestre 2024, plus 12 résidences à horizon 2026. Nous travaillons avec 22 clients bailleurs. Les trois territoires prioritaires sur lesquels nous intervenons sont l’Ile-de-France (environ 30 résidences), les Hauts-de-France et la région Paca. Nous sommes de plus en plus sollicités par la région Nouvelle-Aquitaine, l’Auvergne-Rhône-Alpes et le Grand Est (projets à l’étude dans la Marne). Nous venons également d’installer un bureau local à Marseille (13), après nos agences parisienne et lilloise. Enfin, notre objectif long terme est l’inauguration de notre 100ème résidence dans quatre ans, à horizon 2028.

Nicolas Brunet (Maisons Marianne) : atteindre les 100 résidences à horizon 2028