Vous quittez le conseil pour une société d’investissement. Pourquoi un tel choix ?

Le conseil est un métier exaltant parce qu’il exige le service de l’autre, le client. De ce point de vue, CBRE m’a tout appris puisque j’ai démarré ma carrière en tant que simple négociateur pour, au final, accéder au comité de direction de la société. Donc, celle-ci m’a nourri et permis d’évoluer pendant plus de 25 années. Néanmoins, il arrive un moment où l’on souhaite continuer à progresser. Ce qui m’amène à passer de l’autre côté de la barrière et à prendre la place du client. C’est une aspiration qu’un certain nombre de conseils ont, mais peu osent franchir le pas. Or, parallèlement à cette réflexion sur la conduite de ma carrière, l’opportunité s’est présentée de rejoindre un client que je connais de longue date et avec lequel il y a eu une entente immédiate. Ce qui explique un transfert plus rapide que prévu, en fin d’année dernière. Cependant, je quitte le conseil avec le sentiment du devoir accompli. Et je suis ravi de passer le flambeau à mon successeur (Pierre-Louis Dumont, ndlr) qui apportera, j’en suis sûr, un nouveau souffle pour conduire ces magnifiques équipes de CBRE désormais leaders du marché de la logistique avec 40 % de parts de marché, à la location comme à l’investissement…

Comment se présente WDP ?

WDP correspond à une histoire familiale d’investissement sur le long terme, en « bon père de famille ». Cet état d’esprit m’a séduit d’emblée. En effet, aujourd’hui, WDP est la troisième plus importante foncière privée cotée en Europe avec, en patrimoine, plus de 7 milliards d’euros d’actifs logistiques et plus de 300 sites répartis principalement au Benelux et en Roumanie. En sachant que la société a été fondée en 1977 par Tony De Pauw et qu’elle a été introduite sur Euronext en 1999.

Quelle sera la stratégie d’investissement de WDP en France ?

La stratégie française découle de la stratégie globale de WDP : la volonté de rééquilibrer et de renforcer le patrimoine dans l’Hexagone. Aujourd’hui, WDP dispose, en France, d’un peu plus de 500 000 m2 d’immobilier logistique sur une quinzaine de sites. Ce qui constitue un bon début. Mais, aux Pays-Bas, par exemple, WDP dispose de 4 milliards d’euros d’actifs sous gestion. Ce qui explique cette volonté de rééquilibrer, de renforcer l’importance du patrimoine dans l’Hexagone. Avec une feuille de route très ambitieuse… Nous avons parfaitement conscience que le marché est difficile puisque, dans la logistique, il y a dix fois plus de capitaux à investir que d’actifs disponibles. Cependant, nous pouvons faire valoir des avantages concurrentiels sérieux. Nous disposons, ainsi, d’un financement corporate déjà en place, avec un processus de décision ultra court. Dans un marché compétitif, nous sommes convaincus que l’argument de la confiance dans l’exécution prévaudra. En soulignant que l’an passé, WDP a investi plus d’un milliard d’euros en Europe et s’est porté acquéreur, auprès d’Altarea, du plus gros portefeuille logistique en France pour un montant de 320 millions d’euros. Et nous sommes ouverts à tous les types d’investissement industriel et logistique, en partant de la friche industrielle jusqu’au clé en main locatif.

Comment tirer votre épingle du jeu dans un marché locatif déprimé ?

Il est exact que la demande placée en immobilier logistique a accusé une baisse de 30 % en 2024 avec un volume commercialisé autour de 3 millions de mètres carrés. Ce qui n’a rien d’étonnant dans la conjoncture actuelle sachant que la logistique est intimement liée à la consommation des ménages… Mais, étant donné que nous nous présentons comme un investisseur long terme, nous voyons plutôt dans cette configuration de marché une opportunité de pouvoir avoir accès à des dossiers dans de meilleures conditions.

Quelle équipe en France ?

Actuellement, la gestion du patrimoine existant et des acquisitions est réalisée depuis Bruxelles. Mon objectif, en ouvrant ce nouveau bureau, vise à rapidement constituer une équipe pour prendre le relais. Nous sommes donc à la recherche d’un siège social et des talents associés qui voudraient partager cette nouvelle aventure avec nous…

Plus généralement, quel regard portez-vous sur les marchés locatif et investissement en immobilier logistique ?

La demande placée a certes baissé, mais le taux de vacance moyen en France demeure très bas, aux alentours de 5 % et la difficulté à produire de nouveaux mètres carrés s’avère grandissante (compte tenu, notamment, de la réglementation Zan). Ce qui augure de belles perspectives d’augmentation de loyer. Et ce qui explique l’engouement des investisseurs pour ce marché. Ce n’est pas un hasard si l’immobilier industriel et logistique est devenu la première classe d’actifs en termes d’investissement, devant les bureaux, pour la première fois en France l’an passé…

François Le Levier (WDP) : "développer et renforcer notre exposition en France"…