Quel bilan dressez-vous du financement des professionnels de l’immobilier l’an passé ?

Dans le paysage chahuté du secteur de l’immobilier, le marché du financement des professionnels n’a pas été épargné, avec une baisse de la production globale estimée à près d’un tiers sur l’ensemble des acteurs, constat partagé par l’ensemble des professionnels du secteur. Cette baisse de la production exerce une pression sur les résultats de l’activité, mais avec un portefeuille de crédits déjà en place, le montant de la production actuelle assure un niveau équivalent aux deux tiers du produit net bancaire antérieur.
Le ralentissement du financement des professionnels de l’immobilier en 2023 s’explique notamment par de faibles sollicitations des promoteurs et des investisseurs, témoignant d’une diminution du volume des opérations à financer. Toutefois, en dépit d’un environnement général peu propice, nous avons continué à soutenir les projets qui méritaient de l’être grâce à nos différentes expertises immobilières et à l’engagement de nos équipes partout en France.

On dit que les banques procèdent, si besoin, à des opérations de refinancement, illustrant ainsi leur volonté de ne pas engager de vente forcée. Qu’en pensez-vous ?

Les opérations de refinancement des actifs font partie de l’activité courante d’une banque et il est dans l’intérêt de tous de ne pas précipiter la vente d’actifs ayant subi une importante dévalorisation, sauf quand le propriétaire est contraint de vendre. Sous réserve que les critères de refinancement respectent les règles fixées par les banques, ces opérations perdureront dès lors qu’elles soient conformes à la politique de crédit : il est ainsi préférable de soutenir l’activité immobilière, lorsqu’elle est profitable, plutôt que de risquer des ventes forcées susceptibles de fragiliser un certain nombre d’acteurs du secteur.

Comment voyez-vous évoluer cette activité de financement cette année dans le cadre d’une stabilisation des taux d’intérêt ?

Dans un contexte où les mêmes facteurs entraînent les mêmes conséquences, le volume de production de crédits accordés aux professionnels de l’immobilier en 2024 devrait être similaire à celui de 2023. En d’autres termes, la baisse d’un tiers de la production de l’an passé devrait se stabiliser à un niveau équivalent cette année. Je ne m’attends pas à ce que la diminution des taux d’intérêt entraîne des changements significatifs si elle se produit au second semestre. Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, l’année 2024 ressemblerait à celle de 2023 pour le financement des professionnels de l’immobilier.

Quel dossier vous intéressent-ils en priorité ?

En tant qu’acteur du financement des professionnels de l’immobilier, notre mission est d’accompagner nos clients porteurs de projets créateurs de valeur dans leur stratégie immobilière. Ainsi, tous les dossiers de qualité portés par des investisseurs ou des professionnels nous intéressent. Nous étudions et finançons toutes les opérations de financement d’actifs auprès de l’ensemble des catégories d’acteurs économiques (professionnels, entreprises, utilisateurs, investisseurs, promoteurs). Nous veillons à la qualité des dossiers en nous concentrant sur ceux qui sont conformes à nos règles d’origination.

Accordez-vous une attention particulière à la RSE des projets ?

La prise en compte des enjeux environnementaux et sociétaux s’impose, plus que jamais, comme un sujet majeur pour l’ensemble de notre industrie. A travers l’accompagnement des projets de nos clients, notre rôle est aussi de faciliter la transition énergétique du secteur de l’immobilier. Outre les aspects financiers intrinsèques aux projets, nous accordons une grande importance à leur démarche environnementale et sociale. Dans l’analyse, il s’agit de critères qui prennent une importance croissante par rapport à leur seule viabilité financière.

A quelle échéance une baisse des taux d’intérêt selon vous ?

Après deux ans de hausse des taux directeurs dans la Zone euro, menée par la Banque Centrale Européenne (BCE) pour ralentir l’augmentation des prix, une baisse pourrait avoir lieu dès le printemps prochain selon certaines prévisions. Mais l’inflation reste encore élevée dans la Zone euro et il est difficile de savoir de quoi exactement l’avenir sera fait !
Si une baisse des taux venait à s’amorcer, elle interviendrait de façon graduelle et permettrait d’espérer une reprise du marché immobilier pour la seconde moitié de l’année.

Eric Groven (Sogeprom) : côté financement, "2024 ressemblerait à 2023"