Vous avez été nommée directrice générale du groupe Sogeprom au mois de juin dernier. Quels objectifs vous êtes-vous fixés dans le cadre de vos nouvelles attributions ?

Nous souhaitons faire de Sogeprom un promoteur national intégré, sachant que, jusqu’ici, nous nous appuyions sur des partenariats, en général majoritaires, avec des promoteurs régionaux. Nous sommes désormais un promoteur pleinement national comptant 11 implantations en régions. De plus, nous travaillons sur des actifs résidentiels (80 % de l’activité de Sogeprom) et tertiaires (les 20 % restants). A ce stade, nous n’avons pas pour ambition d’intégrer des secteurs très spécialisés tels que la logistique ou les centres commerciaux.

L’idée est de pousser le curseur encore un cran plus loin ; Sogeprom a baissé dans le classement des promoteurs et nous souhaitons redresser la barre en intégrant de nouveau le top 15 et, pourquoi pas, nous hisser encore plus haut dans ce classement. De plus, nous voulons faire valoir notre capacité à travailler sur de grands projets urbains, qui sont en général des projets mixtes et qui vont au-delà du duo résidentiel/bureaux ; nous souhaitons nous associer avec des professionnels de secteurs que nous connaissons et maîtrisons moins, comme le commerce. Étant donné notre taille actuelle, nous ne sommes pas en mesure de maîtriser tous les segments du marché immobilier, d’où la nécessité de nous associer.

Nous voulons également augmenter sensiblement la part du tertiaire dans notre portefeuille, notamment en régions. Nous sommes en ce moment même sur deux très beaux projets tertiaires, l’un à Lille et l’autre à Lyon, dans le quartier de la Part-Dieu (projet mixte intégrant du tertiaire). En novembre 2021, nous avons inauguré un projet à Nice qui s’appelle Nouvel’R, comprenant des bureaux, de la résidence gérée, un hôtel et un peu de résidentiel. Ce sont ces types de projets que nous souhaitons multiplier à l’avenir.

Sogeprom, comme la plupart des promoteurs immobiliers au demeurant, défend une vision éco-responsable de l’immobilier. Par quoi cette philosophie se traduit-elle ?

Nous avons la volonté d’avoir toujours un temps d’avance par rapport aux grandes évolutions sociétales, ainsi qu’une adaptation constante au changement climatique. Selon nous, l’éco-responsabilité n’est pas une contrainte, mais une donnée de notre métier ; nous pensons qu’il y a plein d’opportunités à saisir autour de cette question. Nous allons décliner cette ambition autour de ce que nous avons surnommé le « Pacte 3B » : bas carbone, biodiversité et bien-vivre. Le bas carbone a trait à l’utilisation de matériaux biosourcés, à la réutilisation de matériaux, aux restructurations d’actifs au lieu de procéder à des démolitions-reconstructions… Dès 2023, tous nos permis de construire seront déposés en RE 2025 avec deux ans d’avance et avec l’intention de livrer la quasi-totalité de nos actifs en DPE classe A. Je suis d’ailleurs assez frappée de constater à quel point cette notion de DPE, qui était encore douze mois en arrière totalement absente des réflexes des investisseurs institutionnels, est désormais importante pour eux ; ils ne se contentent plus des labels.

Sur le sujet de la biodiversité, même si tout le monde s’accorde à dire que c’est un enjeu majeur, nous en sommes encore à une phase de tâtonnements. De notre côté, nous allons prendre des engagements concrets comme la pleine terre, la récupération des eaux de pluie… Nous avons surtout signé un partenariat avec CDC Biodiversité (filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations).

Enfin, le bien-vivre intègre les problématiques autour des futurs occupants, utilisateurs, habitants… Il y a une vraie demande concernant un changement de méthode et d’approche de la part des promoteurs. Le bien-vivre intègre le confort acoustique, la luminosité, l’innovation d’usage, les schémas de mobilité des occupants dans leur parcours résidentiel.

Afin de mesurer tous les éléments que je viens de décrire, les équipes de Sogeprom planchent depuis douze mois à la conception d’un outil interne, appelé e-cotation, permettant de s’auto-évaluer sur l’ensemble de ces critères.

Vous développez du résidentiel et du tertiaire. Or, la crise sanitaire a profondément impacté ces secteurs, notamment celui des bureaux où le taux de vacance a explosé dans certains quartiers, notamment à Paris (La Défense, QCA…) Est-ce le constat que vous avez établi ?

Sur la partie résidentielle au sens large, en incluant les résidences gérées, la demande est à la fois quantitative (croissance démographique et phénomène de métropolisation) et qualitative, avec une volonté d’habiter différemment. Pour le bureau, le télétravail va continuer de réduire son besoin, donc son aspect quantitatif, mais pas qualitatif. Les entreprises réclament des bureaux de nature différente. D’ailleurs, ceux qui connaissent les taux de vacance les plus importants sont la plupart du temps les moins modernes. Dans les zones les moins centrales, certains bureaux ne correspondent plus aux attentes et sont, de surcroît, plus à jour d’un point de vue énergétique. La nécessité de restructurer ces endroits est réelle et cela va constituer une thématique importante au cours des prochaines années. Il faut cependant reconnaître qu’il n’est pas aisé de transformer des bureaux en logements, même si le contexte va nous forcer à nous intéresser de près à ces problématiques.

3 questions à… Béatrice Lièvre-Théry (Sogeprom)