A proximité du CHU de Toulouse et du complexe scientifique de Rangueil, au 75, chemin des Clotasses, se dresse une bâtisse nouvellement érigée. Elle y héberge un projet à la dimension sociale ambitieuse, celle de faire cohabiter en un même et unique lieu des populations précaires aux profils variés, aussi bien générationnels que sociaux-économiques : familles mono-parentales, jeunes travailleurs indépendants, étudiants, ménages pauvres, mais aussi personnes en voie de réinsertion après des situations d’exclu- sion sociale ou des cures de désintoxication. « La résidence totalise 36 logements, alors même que la plupart des résidences développées par Habitat et Humanisme n’en comptent que 20 à 25 » explique Henry Forgeot d’Arc, directeur de la maîtrise d’ouvrage chez Habitat et Humanisme. « La pension de famille, offrant 15 logements, s’adresse aux populations frappées par la précarité la plus extrême, le plus souvent issues de la rue. Elle propose aux résidents un accompagnement pérenne et étroit sur la durée, sans échéance des baux, pour aider à leur réinsertion et à leur accession au parc HLM ». Des chambres de 25 m2 louées 475 euros par mois, et dont une majeure partie est prise en charge par les APL. La résidence sociale, elle, accueille 12 logements, pour des baux allant de 18 mois à trois ans maximum, et dont le montant des loyers va de 475 à 566 euros pour un T3. Neuf logements dits « classiques », en libre accession, complètent l’ensemble.

« Le site accueillait auparavant une autre résidence plus petite, de seulement 12 logements » resitue Agnès Harter, responsable du pôle habitat d’Habitat et Humanisme Midi-Pyrénées. « L’outil ne convenait plus aux réalités sociales locales, avec un accompagnement des locataires réduit et une extension du site impossible ; de plus, il ne disposait pas d’espaces collectifs ». Le bâtiment existant est démoli pour faire place à un nouveau complexe plus grand, d’une surface de 1 200 m2 de logements et 200 m2 d’espaces collectifs. « Les institutions locales nous ont soutenu pour ce projet, et nous avons pu créer la mini-société que nous souhaitions concevoir depuis le début » précise Agnès Harter. L’accent est mis sur les espaces communs favorisant les rencontres et les échanges : salle d’activités, lieux de vie et de partage des repas, espaces de jeux pour les enfants, jardin… « Tout a été pensé afin de limiter les phénomènes d’isolement. De plus, des baies vitrées ont été installées pour contrer la sensation de cloisonnement pouvant être induite par les espaces repliés sur eux-mêmes». Une équipe de salariés et de bénévoles est également présente pour faire vivre le lieu et procéder à un accompagnement individualisé et personnalisé des résidents.

D’un point de vue environnemental, la résidence, bien que soumise à la réglementation RT 2012, a été conçue en intégrant un certain nombre d’in- novations à même de la distinguer. « Nous avons mis en place un système de géothermie assorti de charges de chauffage très faibles, voire inexistantes pour les pensionnaires » détaille Henry Forgeot d’Arc. « De plus, des planchers chauffants ont été installés, munis d’un système de refroidissement l’été. Enfin, des panneaux photovoltaïques ont également été intégrés ». « L’idée était vraiment de tenter d’innover au maximum sur le volet du développement durable » insiste Agnès Harter. « Nous avons voulu tester des innovations, comme ce plancher dont la température est modulable en fonction des températures extérieures. Le confort d’été étant devenu un sujet majeur, le système de refroidissement des sols est une réelle plus-value dans le rendu final». Les premières mises en location de logements au sein de la résidence ont eu lieu au mois de novembre 2022, environ un an avant l’inauguration officielle, différée à plusieurs reprises. Les premiers retours sont positifs, malgré les réticences émises en amont du projet par les acteurs publics. « Cette mixité des populations a pu effrayer, mais la première année d’exploitation a démontré que les pensionnaires étaient satisfaits de cette convivialité favorisée par l’agencement intérieur et le personnel présent sur place » conclut Agnès Harter. « Il y a peu de résidences en France proposant un modèle de mixité aussi abouti, c’est une vraie fierté pour Habitat et Humanisme d’avoir montré la voie. Nous espérons faire des émules et permettre à davantage de projets de cette dimension de voir le jour »…

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Résidence intergénérationnelle Jean-Paul Fontan à Toulouse (Habitat et Humanisme) : mixité