Encore un mot sur l’intérêt de Philippe Heim pour la philosophie (il se souvient avec émotion des cours d’André Comte- Sponville) : « aux Etats-Unis » explique-t-il, « les cours de logique font partie intégrante du cursus d’économie. Cette science du questionnement est un atout important en matière de construction intellectuelle ». C’est donc bien armé que notre « Pierre d’Or » affronte le rude (il préfère employer le mot « intense ») métier des cabinets ministériels. Rentré dans celui de Francis Mer, le charismatique ancien patron d’Arcelor, il servira successivement (et parfois concomitamment) Alain Lambert, Nicolas Sarkozy, Hervé Gaymard, Thierry Breton pour devenir, enfin, directeur de cabinet de Jean-François Copé, ministre délégué au Budget et à la Réforme de l’Etat. La réforme justement : le voici qui participe « à la transformation du cadre de travail de l’Etat, dans le contexte de la loi organique sur les lois de finances ». Son commentaire ? « On dispose aujourd’hui de tous les outils pour gérer plus efficacement les politiques publiques »… mais on ne les utilise peut-être pas toujours suffisamment…

A 38 ans, et après ces années de forte « intensité » ministérielle, le voici appelé à la Société Générale : passage radical vers le métier de banquier d’affaires que notre homme affronte avec talent (chacun lui reconnaît). Et peu à peu, il va prendre du galon (beaucoup) dans la maison SG, dont il deviendra un spécialiste des fusions-acquisitions. Après quelques années de « formation », Frédéric Oudéa le nomme directeur général délégué : « j’ai découvert et aimé ce métier; c’est une carrière dans laquelle je m’épanouis ». A preuve, à peine quittant la maison SG (où d’aucuns le voyaient « en haut de l’affiche »), le voici immédiatement appelé par Philippe Wahl, patron de La Poste à la tête de la Banque Postale. Un (très) gros paquebot qui a besoin de renouvellement. Sa feuille de route est claire (« une forte proposition de développement ») et, depuis 2020, il s’y emploie ardemment. Diversification des activités, intégration de la CNP, devenir une entreprise à mission, sortir toutes les activités du pétrole et du gaz en 2030, solliciter une certification Net zero… Et on en passe ! Le verdissement de la maison est à l’ordre du jour, par application de la réglementation bien sûr, mais aussi, souligne-t-il, « par conviction ». Aussi la Banque développe-t-elle les prêts visant à accroître la rénovation thermique des logements. Et côté tertiaire ? « Nous nous inscrivons dans la démarche du groupe La Poste ayant des objectifs d’amélioration de la performance énergétique de tous ses sites tertiaires ». L’arrivée de la Banque dans l’immeuble « Biome », propriété de la SFL, l’un des premiers projets BBCA Rénovation à faible émission de carbone à Paris, n’est évidemment pas un hasard…

Ce passionné de jazz (de Coltrane à Monk en passant par Miles Davis…), mais aussi, souligne-t-il, de la musique d’aujourd’hui, vante le talent « d’improvisation et, surtout, la capacité à jouer ensemble » des jazzmen. « Leurs interactions sont une grande leçon de travail en commun » explique le banquier qui n’oublie jamais le « job ». Et quand on lui demande quel livre il emporterait sur une île déserte, la réponse fuse : « Les Essais » de Montaigne, « de la belle philosophie française classique et qui répond aux questions « Comment penser la morale ? Comment penser la vie ? ». Deux interrogations au plus haut niveau. Voilà qui vaut bien, avec beaucoup d’autres raisons, une « Pierre d’Or ».

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Philippe Heim (La Banque Postale) : philosophie de l’action