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Olivier Colonna d’Istria (Socfim) : immobilier et finance !

18 Juil 2024 - 12h50

Président du directoire de la Socfim, qui dispose à date d’un peu moins de 12 milliards d’euros d’encours gérés et de 50 000 logements en cours de financements, Olivier Colonna d’Istria exerce dans le secteur immobilier depuis presque un demi-siècle. Autant dire qu’il est devenu un observateur plus qu’avisé de cet univers en pleine crise, à l’image de tant d’autres qu’il a connus par le passé… Nos lecteurs ne se sont pas trompés en lui décernant la « Pierre d’Or » dans la catégorie « Innovation Financière ».

Une noble filiation. Olivier Colonna d’Istria est le descendant de l’une des plus anciennes familles corses, déjà présente sur l’île de Beauté au 15e siècle. Enracinés, fixés à cette terre mythifiée qui vit naître l’un des dirigeants les plus célèbres de par le monde, un nommé Napoléon Bonaparte, les Colonna d’Istria se virent accéder au restreint cénacle de la noblesse française en 1773, sous l’Ancien régime et alors que couvaient déjà les premières braises de la Révolution. Plusieurs métiers furent exercés par les plus éminents membres de la famille : militaire, magistrat, politique et même journaliste. En revanche, l’immobilier n’avait pas encore trouvé preneur jusqu’à ce qu’Olivier, passé par les bancs de Sciences Po, ne tombe dedans et s’y fasse irrémédiablement absorber. « Cela fait 45 ans que j’exerce ce métier et je ne m’en suis jamais lassé » développe-t-il. « C’est un univers attachant, riche de complexité et d’apport intellectuel ». Ce féru de culture, qui dit posséder tout à la fois un attachement chromosomique à son « morceau de granit méditerranéen » (la Corse) tout en se qualifiant de Parisien invétéré, adepte de son bouillonnement intellectuel et de son large éventail de distractions culturelles, ne se voit pas évoluer ailleurs. L’immobilier, c’est sa vie, l’une de ses raisons d’être, d’avancer, de s’accomplir. « J’ai 65 ans, je sais que le temps, bien qu’il puisse m’octroyer encore beaucoup d’années, se raccourcit pour moi davantage qu’il ne s’allonge » philosophe-t-il. « Je veux prioriser ce temps, d’abord avec mes proches, ensuite pour mon métier ».

Après une première vie professionnelle chez BNP Paribas, Olivier Colonna d’Istria rejoint la Socfim en 1993, dont il devient président du directoire en 2006. L’intéressé qualifie la Socfim de «banque des professionnels de l’immobilier de la banque BPCE ». « Nous accompagnons des producteurs, qu’ils soient promoteurs ou marchands de biens, des foncières, des fonds d’investissements, des asset managers… Nous accordons des crédits à court et long termes, et même si les gros acteurs immobiliers sont nos principaux clients, nous sommes également aux côtés d’initiatives entrepreneuriales plus modestes, si tant est qu’elles soient assorties d’une vision, qu’elles accompagnent le développement d’un produit immobilier qui réponde à un usage et s’adresse à une typologie précise de clients» développe le président de la structure. Qui dénonce en filigrane les abus qui ont pu être commis avant la crise, lorsque les taux étaient bas et la santé du secteur optimale ; à savoir une course aux volumes, une politique du «bâtir pour bâtir» avec une attention moindre portée au produit, à son utilité, à son inclusion et son adaptation dans un contexte géographique donné. « Même si les ressorts ne sont pas les mêmes, il y a quelques similitudes avec la crise de 1993 que j’ai bien connue : trop de financements, trop de dettes, un immobilier qui devient spéculatif avec un excès d’offre dans une période inflationniste » indique Olivier Colonna d’Istria. Il plaide pour une dette raisonnée et raisonnable, affirmant que «l’immobilier est capitalistique par essence» et qu’il nécessite de l’argent, des fonds, la dette ne pouvant s’accumuler indéfiniment.

Outre sa casquette de président de la Socfim, Olivier Colonna d’Istria est également à la tête de l’IFPImm (Institut du Financement des Professionnels de l’Immobilier) et de ses 70 adhérents depuis octobre 2021. Son objectif depuis son élection : « faire émerger de nouveaux textes, de nouvelles pratiques, de nouveaux outils afin de mieux financer cette industrie ». L’un des derniers projets en date est le développement d’une cartographie recensant, parmi les quelque cinq millions de mètres carrés de bureaux vacants que totalise l’Ile-de-France, ceux qui sont exploitables. « Cela ne sert à rien de s’épuiser à battre la campagne francilienne pour s’acharner à faire le tour de ces fameux cinq millions de mètres carrés de surfaces alors qu’il n’y en a peut-être que 500 000 qui pourraient être rénovés, puis réutilisés ». Des travaux sont en cours sur différentes thématiques, avec la sortie prochaine d’un livrable. Sur le loge- ment, les représentants de l’IFPImm rencontrent régulièrement les membres du gouvernement afin de trouver des idées pour, enfin, sortir de l’ornière. « Nous sommes, avant tout, des professionnels de l’immobilier qui faisons de la banque, et non l’inverse » conclut-il.

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Anthony Denay