Singulier parcours que celui de « notre » ministre : fille de Francis Decourrière, ancien député européen et ex-président du club de football de Valenciennes, Valérie Létard est assistante sociale de formation, spécialisée très tôt dans l’action sociale dans les quartiers. Elle est repérée par le nouveau maire de Valenciennes : un certain Jean-Louis Borloo, qui fera d’elle son adjointe chargée de la politique de la ville.

Ils ne se quitteront plus. Elue conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais dès 1998, puis au Sénat trois ans plus tard, elle entre sur la scène politique nationale après l’élection de Nicolas Sarkozy, qui la nomme secrétaire d’Etat à la Solidarité dans le gouvernement Fillon. Deux ans plus tard, elle obtient le portefeuille des Technologies vertes au sein du grand ministère de l’Ecologie dont le titulaire est… Jean-Louis Borloo, qu’elle quitte en même temps que son mentor en 2010. Entretemps, elle était devenue présidente de la Communauté d’agglomération de Valenciennes Métropole. Réélue sénatrice en 2011, elle est sollicitée par le président Macron nouvellement élu, mais refuse d’entrer au gouvernement, à l’instar des centristes de l’UDI.

Après avoir annoncé qu’elle quittait la politique à l’issue de son mandat de sénatrice en septembre 2023, elle s’est à nouveau jetée dans la bataille pour les législatives en 2024 face au RN, qu’elle remporte grâce notamment au désistement du candidat de gauche. Et le 21 septembre 2024, la voici titulaire du portefeuille du Logement, poste qu’elle conserve dans le gouvernement Bayrou. Une « constance » ministérielle assez rare pour être soulignée. A défaut de soutien budgétaire considérable, Valérie Létard défend ses thèses avec beaucoup de convictions. Son credo ? « Dans le contexte de crise que connaît notre pays, le logement est une priorité pour nos concitoyens » martèle-t-elle.

« Mobiliser toutes les énergies pour soutenir la production, améliorer le parc existant et répondre à la demande sont des objectifs essentiels pour le secteur du logement ». Sans oublier que « le logement n’a d’intérêt que dans un quartier où il est agréable de vivre. Le renouvellement urbain permet aussi de réinventer la ville, de faire du beau dans les quartiers ! Pour construire la ville dont nous avons besoin, dense, durable, inclusive ».

Et si les résultats très concrets de ces affirmations sont encore ténus, les professionnels savent gré à la ministre d’être leur porte-parole face à des chiffres de la construction qui continuent à être aussi mauvais. Il faut dire également que la polémique entamée par Juliette Méadel, ministre déléguée chargée de la Ville, face aux organismes HLM, qu’elle ne cesse de tancer et de menacer, donne – par opposition – une image plus « favorable » à notre « Pierre d’Or » dont les positions sont beaucoup plus… nuancées. Son sens du dialogue (en bonne centriste) plait aussi beaucoup aux professionnels qui ont eu le sentiment (et pas seulement le sentiment d’ailleurs) d’avoir été totalement négligés par les équipes gouvernementales précédentes.

Aucune (ou presque) des demandes pressantes des promoteurs n’ont été ainsi retenues à leur stupéfaction. Certains des prédécesseurs de Valérie Létard en avaient presque fait leur credo. C’est donc un hommage unanime à une femme dont les convictions, très anciennes (au Sénat notamment, elle faisait figure d’une des rares parlementaires à se passionner pour le sujet), redonnent (un peu) d’espoir à une filière qui connaît des moments difficiles. Cela valait bien, de la part de tout le secteur, bien au-delà même du seul logement, un « coup de chapeau » à cette ministre « pas comme les autres ».

Ministre en Or