Il s’agit de détruire ce lourd et vieilli bâtiment « tout d’une pièce » de 16 000 m2, uniquement dédié au bureau, très peu ouvert sur le quartier, le 9e arrondissement de la cité phocéenne, en un projet de 173 logements « qui fait la part belle au paysage et à la convivialité ». Mais une destruction comme on sait les réaliser aujourd’hui en réemployant au maximum les matériaux, le bâti : on ira même jusqu’à récupérer le terrazzo, aujourd’hui très à la mode, présent notamment dans les escaliers, pour le réutiliser dans plusieurs halls des immeubles… Adieu aussi (on ne la regrettera pas) la façade tout « d’un bloc » et bonjour à des petits immeubles, entourés de verdure (pins, restanques végétalisées), avec la création d’un îlot de fraîcheur. Ce quartier de Sainte-Marguerite est proche de la ligne 2 du métro avec une accessibilité aisée aux principaux axes routiers (c’est, évidemment, un point clé pour un ensemble de logements dans une métropole aussi étendue que Marseille). Le projet intègre aussi une bibliothèque, une crèche, une résidence d’artistes et une salle d’exposition.

Le programme comporte, d’ailleurs, 50 logements sociaux, dont 80 % en financement PLUS ou PLAI, destinés à CDC Habitat. Pour laisser libre court à la circulation des piétons, les voitures seront bannies de la surface et renvoyées dans un parking souterrain de 300 places. Les « archis », manifestement doués, ont planché sur des orientations multiples pour les 173 logements ainsi construits et n’ont pas négligé les « extérieurs » (comme on dit dans le sud), en privilégiant balcons et terrasses. La désimperméabilisation des sols est aussi à l’ordre du jour. Ils se sont également inspirés d’une des autres originalités du projet : l’occupation tempo- raire de l’immeuble pendant deux ans qui, avec l’association Yes We Camp, a permis à 330 artiste d’y être accueillis, organisant une quarantaine d’expositions et recevant des milliers de visiteurs pendant 18 mois. Un « label » de plus pour ce projet innovant.

Des bureaux transformés en logements, de la fraîcheur et de la verdure à la place d’un grand bloc de béton, des appartements adaptés au climat du sud de la France, une occupation temporaire réussie et inspirante… on comprend pourquoi la ville de Marseille a retenu – avec quatre autres – ce projet, désormais intitulé plus gaiement « Le Parc des Arts », pour illustrer la première année d’application de la nouvelle charte de la construction durable adoptée par le conseil municipal présidé par Benoit Payan. Celle-ci prévoit dix points clés parmi lesquels on peut noter : « respecter le contexte ; développer la mixité ; fabriquer une densité adaptée ; favoriser la végétalisation et la biodiversité; proposer des espaces communs à partager ; concevoir un urbanisme et une architecture bio-climatiques méditerranéens ; construire des projets évolutifs et flexibles). Des demandes – voire des injonctions – qui n’ont rien de révolutionnaires en elles-mêmes (même si elles ont suscité, comme il est d’usage, pas mal de réactions négatives au départ), mais qui, appliqués à la cité phocéenne, constituent une belle évolution des mentalités. Et rappelons qu’une telle charte n’a qu’une valeur incitative et non réglementaire.

L’ adjointe au maire, chargée de l’urbanisme et du développement harmonieux de la ville (là aussi, tout un programme…), Mathilde Chaboche, ne déclarait- elle pas : « Marseille, de ville honteuse de son urbanisme, doit pouvoir devenir le laboratoire à ciel ouvert de ce qu’est faire la ville aujourd’hui » ? Le jury des « Trophées », et les lecteurs d’« Immoweek » ont voulu, en tout cas, saluer ce projet dont on peut souhaiter qu’il en inspire d’autres.

A noter : mardi 21 février, le « portrait » de la tour Silva, à Bordeaux, programme innovant ex-aequo avec « Le Parc des Arts »

Retrouvez les programmes innovants nommés ici !

Le « Parc des Arts » (Icade) : transformation vertueuse