Bureaux

Christophe Kullmann (Covivio) : immobilier (très) augmenté

15 Juil 2024 - 12h50

Quand on pénètre dans le nouveau siège de Covivio (rue de Madrid, à Paris 8ème), on comprend immédiatement ce qui a changé dans le monde de l’immobilier tertiaire. Une entrée accueillante (la déco est signée Sarah Lavoine et ça se voit), un bar, des canapés moelleux qui font envie ; bref, une conception très hôtelière qui n’a plus rien à voir avec les halls un peu tristes et sévères des foncières… d’hier. A l’évidence, le patron de Covivio a voulu clairement montrer sa volonté de faire bouger les lignes dans ce lieu symbolique. Entretien avec Christophe Kullmann qui rafle une « Pierre d’Or » dans un contexte général difficile… qui n’est pas sans lui convenir.

Ce siège justement : pourquoi ce choix ? « Nous avions, depuis un certain temps, l’ambition de regrouper en un seul lieu les équipes de Covivio, jusque-là réparties en plusieurs immeubles. Notre idée a également été de proposer un immeuble reflet du groupe : le 10, rue de Madrid nous semblait très emblématique. Acheté à Orange il y a plus de vingt ans, il pouvait faire l’objet d’une restructuration lourde, afin de montrer toutes nos capacités à créer, dans nos immeubles, des espaces collaboratifs, favorisant les rencontres (environ deux tiers des surfaces) et un tiers d’espace de bureaux « classiques ». L’accueil a fait l’objet d’une réflexion : il s’agit d’indiquer dès l’abord qu’il s’agit d’un lieu de vie ; au rez-de-chaussée, des espaces événements permettent d’accueillir les collaborateurs de tous horizons… ». A l’évidence, notre « Pierre d’Or » est « heureux dans ses fonctions, dans cette entreprise ». Il faut dire que les dernières nouvelles ont plutôt de quoi donner le sourire. Au premier trimestre 2024, la foncière a acquis l’équivalent de 500 millions d’euros d’hôtels : l’hôtellerie représente désormais 20 % du patrimoine du groupe qui a, durant la même période, annoncé la création d’une joint- venture avec CDC Investissement Immobilier, sur un portefeuille résidentiel berlinois de 274 millions d’euros. Et côté bureaux, « ça va bien » explique Christophe Kullmann. En effet, les chiffres donnés par la foncière confirment avec, sur le seul premier trimestre, 48 800 m2 loués ou renouvelés… et une nouvelle hausse du taux d’occupation, à 95,3 % (contre 92,2 % en mars 2023). Logiquement, les revenus part du groupe étaient en hausse de 7,1 % (à périmètre constant), avec côté bureaux (mais oui !) une hausse record de 10 % « portée par les commercialisations, l’indexation et la réversion »…

De nouveaux accords de cessions ont eu lieu, ce qui devrait permettre d’atteindre l’objectif, fixé dès le retournement du marché, d’1,5 milliard d’euros. Des données qui expliquent l’aspect très « zen » de notre « Pierre d’Or ». « Je crois au mélange bureau, évènementiel, service, ce que j’appelle l’immobilier augmenté : donc beaucoup de services pour nos clients, comme dans notre nouveau siège (conciergerie, vraie salle de sports, salle de réunion à l’heure, à la journée, rooftop ; avec la dimension « smart building » évidemment). Et plus que jamais, je crois à la centralité : deux tiers de notre patrimoine est situé en centre-ville. Et dans nos immeubles non centraux, nous avons déjà mis en œuvre beaucoup d’opérations de transformation de bureaux en logements… ». Et, pour préciser sa pensée, le directeur général de Covivio martèle : « le « moins de bureaux », dont tout le monde parle, passe surtout par un « mieux de bureaux », grâce à la conception d’espaces réellement réinventés – et il désigne le salon convivial qui nous accueille –, embarquant toujours plus de services. Nous pouvons sortir plus fort de la crise car nous avons la chance de bénéficier d’un actionnariat stable, d’une activité pérenne, d’une équipe de pros européens avec qui je travaille avec un vrai plaisir ». Ce dernier mot résume bien l’état d’esprit actuel de notre « Pierre d’Or ». Cet heureux père de quatre filles (de 30 à 12 ans) est fan, comme la petite dernière, de foot. S’il ne se reconnaît «aucune passion particulière », il « adore les voyages » : le dernier en date, c’était «la Patagonie et son incroyable sentiment de liberté ». Et Christophe Kullmann, en me quittant, insiste : « aimer les équipes, c’est essentiel ». Un patron heureux dans l’immobilier, les pros connectés à « Immoweek » ont estimé que cela valait, à coup sûr, une sacrée « Pierre d’Or » !

Retrouvez les portraits des nommés : ici !

Pascal Bonnefille