Edito

Sic transit gloria Bercy

15 Oct 2024 - 10h20

Il va falloir s’y faire : dans le gouvernement dirigé par Michel Barnier, les ministres ne s’estiment pas tenus par la solidarité que leur portefeuille impliquait jusqu’à présent. Exit le fameux « un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ». Désormais, le locataire de la place Vendôme peut se plaindre ouvertement de son budget et… la ministre du Logement peut déclarer (ce matin sur « Public Sénat ») que « le budget du Logement n’est pas satisfaisant ».

Certes, on n’aura pas la naïveté de penser que les prédécesseurs de Valérie Létard sautaient de joie à l’annonce du sort qui leur était réservé mais, depuis 1958 en tout cas, ils avalaient, parfois avec une légère mais discrète grimace, la potion quand elle était douloureuse. Rien de tout cela désormais : la ministre dit très clairement que c’est le Parlement (et non le gouvernement auquel elle appartient) qui va définir l’enveloppe globale attribuée à son ministère. Idem pour les contours du PTZ réélargi (conformément à la déclaration de politique générale du Premier ministre) : ce sera aux députés et sénateurs de le « construire ». Ce changement profond de cap est, bien entendu, lié à l’absence de majorité de l’équipe menée à Matignon. Il faut naviguer à vue… en espérant (mais comment le croire ?) échapper au 49-3, dernier vestige d’un  fonctionnement très Vème République.
Un dernier signe (même s’il est surtout d’ordre protocolaire…) de modification des équilibres des pouvoirs : Valérie Létard reçoit cet après-midi, entre quelques rendez-vous avec les acteurs du Logement, le jeune ministre de l’Economie et des Finances. Antoine Armand aura, comme les autres visiteurs, droit à une demi-heure d’entretien qui aura lieu, si on en croit l’agenda de la ministre, à « Ségur » et non à « Bercy ». On imagine que le scénario aurait été différent du temps de Bruno Le Maire. Sic transit…

Pascal Bonnefille