La Fnaim en a vu d’autres, ce n’est pas la première tempête traversée, loin s’en faut. « C’est un moment difficile, incertain, illisible, je ne vais pas dire le contraire » affirme Loïc Cantin. « Mais quelles que soient les circonstances et l’évolution des événements, la Fnaim sera présente aux côtés des professionnels, comme elle l’a toujours été et le sera toujours ! ». Impossible de faire fi des secousses politiques qui agitent le pays depuis dimanche, de leurs possibles répercussion sur l’immobilier et, plus largement, sur l’économie. Tous les scénarios sont possibles, même si l’un d’entre eux, inédit jusqu’à présent dans l’histoire de la Vème République, se précise : la victoire du RN à l’issue des élections législatives et la mise en place d’une cohabitation inédite depuis la période 1997-2002. Forcément, Loïc Cantin a été interrogé sur cette éventualité, ainsi que le positionnement qu’adopterait alors la Fnaim : « je ne fais pas de politique, nous discuterons avec ceux qui seront aux manettes le moment venu. Pour l’instant, le RN n’a pas pris contact avec nous au sujet du logement, donc la question ne se pose pas. En revanche, nous resterons vigilants au respect du principe d’égalité et ne tolérerons aucune discrimination quant à l’accès au logement social en fonction des origines. Le principe de préférence nationale appliqué à l’attribution d’un toit, c’est non ! ». Le message est clair…

Passe difficile pour la profession

Dans un registre moins politique, le président de la Fnaim a révélé les chiffres du logement. Sur douze mois glissants, les ventes ont enregistré une chute de 23 % à fin mars, avec 822 000 actes signés. L’année 2024 pourrait s’achever avec 800 000 transactions actées. En un an, les prix ont baissé de 3,8 %, plus forte chute depuis 15 ans, une baisse qui pourrait atteindre 5 à 7 % à la fin de l’année. A noter tout de même : la stabilisation des taux d’intérêts autour de 3,5 % au cours du 3ème trimestre 2024 (sous réserve de l’évolution du contexte politique et de la réaction des marchés financiers en conséquence). La profession traverse une passe difficile, avec des dépôts de bilan en hausse de la part des agences immobilières (+112 %) et des administrateurs de biens qui se sont déclarés en faillite (+35 %). Petite éclaircie : la baisse des prix de 5 % (fourchette basse) conjuguée à une hausse des revenus estimée à 3 % pourrait faire regagner 8 % de pouvoir d’achat aux Français en 2024 ; un bol d’air frais après -15 % de pouvoir d’achat en deux ans.

Série de propositions

Sans surprise, la dissolution de l’Assemblée nationale a eu pour effet immédiat le blocage d’un certain nombre de propositions de lois déposées par des députés de facto démis de leurs fonctions par la geste présidentielle. Loïc Cantin a tenu à citer une mesure qui aura eu le temps d’être adoptée par l’Hémicycle après un intense lobbying de la part de la Fnaim : l’amendement sur les copropriétés dégradées, qui permet d’assurer que les votes, effectués en assemblées générales de copropriétés, ne puissent pas engager de lourds travaux de rénovation sans l’accord d’une majorité de ses membres dans le cadre du projet de loi relatif à l’accélération et à la simplification de la rénovation de l’habitat dégradé. Malgré tout, ce n’est pas suffisant et Loïc Cantin de dresser la liste des mesures qu’il voudrait voir mises en place le plus rapidement possible, à savoir dès qu’une nouvelle majorité aura été désignée par les urnes. Y figure notamment la réactivation de la portabilité et la transférabilité des prêts, proposition de loi initialement portée par le député de la majorité Damien Adam. La Fnaim plaide aussi pour une suspension, à titre expérimental, des normes du HCSF (Haut Conseil de stabilité financière) pendant un an, en redonnant le pouvoir aux banques d’appréhender les risques inhérents au principe même d’octroi d’un prêt immobilier. Le groupement souhaite également sécuriser les baux en cours en restreignant les exigences de décence énergétique aux seuls baux ou renouvellements de contrats postérieurs au 1er janvier 2025 et l’entrée en vigueur de l’interdiction de louer des appartements affichant un DPE en lettre G (passoire thermique).

Succession de ministres

Enfin, la Fnaim propose d’inclure le coût des travaux de rénovation énergétique dans le financement global d’une opération et ce, afin de « sécuriser l’acquéreur et de flécher la valeur verte des biens immobiliers » ; le nouveau contrat prendrait le nom de Vefre (Vente en état futur de rénovation énergétique). La réactivation de l’APL accession, mesure supprimée en janvier 2020, permettrait, selon Loïc Cantin, « de relancer l’accès à la propriété ». Selon ce dernier, le logement est toujours le secteur qui pâtit le plus des instabilités économiques et politiques. « Et même quand c’est stable, le logement est sacrifié, en témoignent les trois ministres nommés au cours des 18 derniers mois » a-t-il insisté. A bon entendeur…

Pour la Fnaim, la situation du marché immobilier demeure « extrêmement préoccupante »