« Une baisse des prix, de préférence significative, était une nécessité pour que le marché reparte ! » : la déclaration de Charles Marinakis, président du réseau Century 21, est on ne peut plus claire. Au-delà du cas de Paris, évoqué ce matin sur notre site, la tendance est générale. En Ile-de-France, les prix ont reculé de 6,2 % pour les maisons (3 490 euros le mètre carré sur 12 mois) et de 4,6 % pour les appartements (4 332 euros le mètre carré). Les transactions ont baissé de 3,4 % pour les maisons et de 4,5 % pour les appartements. A la différence de Paris, le financement par emprunt atteint 83,2 % en région francilienne, contre 68,1 % à Paris intra-muros. Conclusion : « il faut être plus riche pour acheter dans la Capitale, disposer de ressources plus importantes qui permettent de réduire le recours au crédit en puisant davantage dans ses fonds propres » explique le président de Century 21 France.

Pour revenir à Paris, les résidences principales continuent de représenter la majeure partie des investissements (61, 8 %), contre 11 % pour les résidences secondaires (avec un fort retour des Américains sur ce segment) et 27 % pour les investissements locatifs. Les 30-40 ans représentent le gros des acquéreurs, notamment pour la primo-accession (30,5 %) et les cadres supérieurs/professions libérales, les catégories socioprofessionnelles les plus représentées (48,5 %), suivies par les cadres moyens (36,6 %). Les employés/ouvriers ne représentent que 5 % des acheteurs à Paris. Preuve, s’il en était besoin, de la gentrification de la Capitale qui ne semble accessible qu’aux plus aisés, du moins en matière d’accès à la propriété.

En régions, la Bretagne décroche en ce qui concerne ses volumes de ventes par rapport aux neuf premiers mois de 2023 (-16,1 %, contre -9,3 % un an plus tôt). La Nouvelle-Aquitaine (+5,6 %), l’Occitanie (+5,4 %), le Centre-Val de Loire (+3,3 %) et la Normandie (+1 %) connaissent des hausses notables après des chutes vertigineuses, entre -12 % et -21 %, en 2023. Au niveau national, depuis juillet 2022, les prix ont reculé de 12,6 % pour les appartements et de 12 % pour les maisons. « Cette baisse était nécessaire pour purger les excès du passé et compenser les hausses conjuguées des prix, des taux d’intérêt et du coût de la vie » a insisté Charles Marinakis. L’Ile-de-France, qui avait connu une hausse importante des prix post-Covid, subit une correction encore plus forte, avec -21,7 % pour les maisons et -19,1 % pour les appartements.

La baisse des prix suffira-t-elle à relancer la marché ? Encore faudrait-il qu’elle se confirme dans la durée, dans un moment de trouble politique que la nomination (enfin !) d’un nouveau gouvernement n’est pas parvenue à totalement dissiper. Les rumeurs sur de possibles hausses d’impôts ne sont pas de nature à rassurer les Français, qui constatent également une hypertension du marché locatif. « Il nous est arrivé de retirer une annonce pour un bien à louer seulement 15 minutes après l’avoir affichée » a déploré Charles Marinakis. « Dès que nous mettons une annonce en ligne, le trafic entrant des appels est souvent trop important, nos lignes sont saturées, nous filtrons les appels et finissons par dégrader notre relation commerçante par faute de temps. Il y a beaucoup trop de demande pour une offre qui persiste à être insuffisante »…

Au sujet de la baisse des taux (environ 3,40 % pour un crédit de 25 ans en septembre), Charles Marinakis a tenu à pondérer l’euphorie ambiante : « la baisse des taux ne profite pas aux acheteurs sur le long terme, car elle s’accompagne d’une remontée des prix due à une demande de nouveau en croissance ». A la nouvelle ministre du Logement, Valérie Létard, le président de Century 21 réclame l’adoption de plusieurs mesures, notamment l’établissement « de manière factuelle » d’un statut du bailleur privé, vœu pieux réclamé à cor et à cri par de nombreux professionnels. Sur le volet économique, Charles Marinakis souhaite que soit maintenu un taux d’inflation à nouveau maîtrisé « qui restituerait un peu de pouvoir d’achat aux Français tout en évitant une nouvelle hausse brutale des taux d’intérêt ». Enfin, il souhaite dédramatiser la situation transactionnelle en France, même s’il la juge « préoccupante » : « presque 800 000 ventes vont tout de même être réalisées en 2024 ! ». Il appelle donc à la responsabilité des établissements prêteurs pour que la baisse des taux ne se traduise pas rapidement par une nouvelle flambée des prix.

« Je tiens à signaler que, parmi les vendeurs récents, 85 % ont eu recours à l’expertise des professionnels de l’immobilier pour estimer leur bien » s’est félicité Charles Marinakis. De plus, parmi les propriétaires, 92 % consultent les annonces en vitrine lorsqu’ils envisagent de vendre au cours des 18 prochains mois. Pour les acquéreurs, ils sont 55 % à avoir poussé les portes d’une agence pour exposer leur projet à des professionnels. Autre donnée instructive : 82 % des acquéreurs regardent le DPE lorsqu’ils consultent les annonces (72 % d’entre eux jugent même que c’est un critère important, voire déterminant). Pas étonnant dans le contexte d’un marché en mouvement, où le parcours résidentiel est souvent accéléré par des événements de vie prévus ou imprévus (installation en couple, naissances, mais aussi décohabitation après séparation, veuvage…) En 2024, le chiffre moyen d’occupants d’un appartement est inférieur à deux. Dans ce contexte, mieux vaut être renseigné quant à la capacité de revente rapide d’un actif dont l’étiquette énergétique est devenue un élément incontournable…

Pour Century 21, la baisse des prix dans l'ancien est une aubaine