Edito

Plein exercice

23 Sep 2024 - 09h13

Les bonnes nouvelles sont si rares en matière de logement que la nomination de Valérie Létard apparaît – presque – comme une « divine surprise ». Cette fois, les réactions des acteurs du secteur n’ont pas été d’un intérêt poli et réservé, mais plutôt d’un accueil chaleureux. La nouvelle détentrice du portefeuille appartient, en effet, à l’écurie Borloo, ce qui vaut sésame pour presque tout le monde. Beaucoup la connaissent pour l’avoir fréquenté comme sénatrice, présidente de Valenciennes Métropole ou secrétaire d’Etat chargée de la Solidarité.

Elle avait d’ailleurs, dit-on, été approchée lors de la constitution du gouvernement d’Edouard Philippe pour le ministère du Logement (qu’elle aurait alors refusé)… Et chacun de louer la « connaissance du secteur », le « sens de l’écoute » de cette centriste de stricte observance.

Autre baume sur les plaies de tous les professionnels : le Logement redevient un ministère de plein exercice, doté également de la rénovation urbaine. Il faut remonter à la présidence Hollande (où les trois détentrices du portefeuille, Cécile Duflot, Sylvia Pinel et Emmanuelle Cosse, étaient elles-mêmes ministre) pour qu’une telle « indépendance » soit actée. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, le secteur avait dû se contenter d’un strapontin (secrétariat d’Etat ou, au mieux, ministère délégué), très symbolique de la place – plus que secondaire –  accordée à cette  question au sommet de l’Etat.

Pour assombrir un peu cette ambiance de félicité, on remarquera « quand même » que Valérie Létard devient la sixième ministre chargée du Logement en sept ans (des scores dignes, si l’on ose dire, de la IVème République et de sa terrible instabilité ministérielle), que le contexte budgétaire tendu (oui, on aime les litotes) augure mal d’un miracle pour le secteur, sachant que les détenteurs du cordon de la bourse (à Matignon comme à Bercy) viennent de l’équipe précédente et qu’ils ne font pas partie (re-litote) des fans de l’immobilier ou du logement… On n’insistera pas davantage sur les difficultés – qui dépassent de beaucoup notre seul secteur – que cette équipe minoritaire va rencontrer face à un Parlement hostile et divisé.

On souhaitera donc la bienvenue à Valérie Létard, à qui l’on ajoutera un « bon courage » bien nécessaire. Sa première rencontre, dès cette semaine, avec le congrès HLM de Montpellier aura un grand avantage : elle vient juste d’être nommée et n’aura eu, matériellement, le temps de prendre aucune décision, et donc lui évitera d’essuyer les critiques inhérentes à l’exercice. Mais peut-être pourra-t-elle commencer l’opération « baume sur les plaies » que sa nomination semble annoncer…

Pascal Bonnefille