2020, accélérateur de tendances

François Desgardins remarque que l’envie d’être ensemble est bien intacte et que le recours exclusif au télétravail « est un modèle peu adapté à la société française ; plus qu’un projet de société, il ressemble davantage à un projet d’économie de charges ». A ces yeux, le bureau devra s’adapter, avec plus de télétravail, mais la présence au bureau est la seule qui permette une véritable formation continue et un transfert de compétences, même si cela passe par l’instauration de véritables tiers-lieux. Nexity, explique-t-il, adapte la théorie de « la ville du quart d’heure » à celle du « bureau du quart d’heure », imaginant, comme le font Morning ou Neonomad, des tiers-lieux proches du domicile, à mi-chemin entre le « homeworking » et le « coworking », qui permettraient de réduire nettement le temps passé dans les transports en commun. Cependant, « est-ce que vous ouvririez un restaurant dans le climat actuel ? Non, c’est pourquoi l’instauration de tels espaces nécessitera forcément l’aide de l’Etat ».

Adrien Lemaire, dont la société s’intéressait déjà à l’innovation avant le choc de la crise sanitaire, confirme l’idée que 2020 est une année d’accélération de tendance et de retour de l’être humain à sa nature nomade. La crise est surtout le révélateur que « les indépendants ne sont pas les seuls à être sortis du bureau, mais qu’elle a surtout montré les inégalités de chacun face au télétravail ». Pour lui, la responsabilité incombe aux entreprises de s’adapter.

Vers la « ville du meilleur vivre » ?

Emilie Moreau s’appuie sur les études de l’Apur pour démontrer les changements apportés par le premier confinement au travail de bureau : ainsi, la consommation d’eau dans le Grand Paris – où se concentre un quart des espaces de bureaux de l’Hexagone,- a chuté de 20 % pendant le premier confinement, révélant les comportements qui ont amplement changé pendant la crise. « Il est essentiel de repenser les choses » face à des mètres carrés qui seront voués à être de plus en plus vides et un foncier de plus en plus cher, en utilisant ses mètres carrés pour les tiers-lieux ou l’hébergement d’urgence. A l’heure où les métropoles deviennent de plus en plus difficiles à vivre et à aborder pour les Français, cette situation peut aider au développement des villes moyennes et de « véritables villes du meilleur vivre ». Sans pour autant aller jusqu’à l’exode rural que certains annoncent, Emilie Moreau propose la création de tiers-lieux tertiaires dans les quartiers résidentiels, qui se sont vus véritablement animer pendant les confinements, au détriment de quartiers de bureaux devenus totalement vides.

Kévin Cardona, enfin, voit dans le processus en cours ni plus ni moins que celui qui s’est appliqué au commerce avec l’émergence du numérique : se rédéfinir comme lieu privilégié de destination. Il en sera de même pour le bureau qui devra devenir « un lieu de réunion avec un isolement ponctuel » et les immeubles de bureaux devenir « plus collectifs, plus innovants et, donc, plus beaux », soit de véritables connecteurs d’écosystèmes. Dans ce contexte, les promoteurs devront compter absolument sur la réversibilité de leurs actifs pour s’adapter au mieux.

Des « startups » aux initiatives innovantes

Des « startups » ont également présenté, en complément du débat, leurs solutions datant d’avant la crise pour donner plus de sens à l’expérience utilisateur des bureaux : Officeriders, dont le CEO est Florian Defiler, propose, comme Airbnb, des espaces à louer pour l’organisation d’espaces de travail ou de réunion ; Dieudonné Moukoué, avec Fiters, propose d’organiser, avec des coachs, des activités sportives au travail ; quant à Felice, dirigée par Maëlle Chouadra, son idée est d’organiser des évènements inclusifs entre entreprises pour cimenter les synergies.

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