La BCE serait-elle irresponsable ? Pas qu’un peu, si l’on en croit les propos tenus par Nordine Hachemi dans les colonnes des « Echos ». Concrètement, le directeur général de Kaufman & Broad accuse l’institution européenne d’opter pour les mauvais traitements aux symptômes grippant actuellement la mécanique du logement. Voire de mal interpréter ces mêmes symptômes, ce qui rend d’autant plus utopique l’administration d’un remède adéquat.

La crise du Covid, la guerre dans l’Est de l’Europe, les sanctions financières imposées à la Russie : autant de facteurs perturbants qui ont mécaniquement entraîné des conséquences en Europe occidentale, au premier rang desquelles l’inflation. Dans un souci de régulation du marché de l’accession immobilière, la BCE a décidé d’opter pour une politique de hausse conséquente des taux d’intérêt pratiqués par les banques, renchérissant le coût du logement. Un pari hasardeux selon le dirigeant, qui n’a eu pour conséquence que de paralyser un marché locatif dont la rotation s’est vue entravée par cette panne de l’accession. Nordine Hachemi cite les chiffres de la Fnaim pour corroborer son propos : sur 650 adhérents sondés, la Fédération Nationale de l’Immobilier constate une baisse de 34 % sur un an du nombre de biens disponibles à la location et moins de dix biens disponibles à la location en agence. A l’opposé, la demande serait en hausse de 23 % sur un an.

Si Nordine Hachemi ne conteste pas par essence une politique de hausse des taux d’intérêt, il considère, en revanche, celle qui a été entreprise comme disproportionnée et trop abrupte. Il milite, de son côté, pour une hausse lissée et progressive, qui aurait permis « à tous les acteurs de la chaîne de production de logements d’adapter l’offre aux nouvelles conditions de marché ». Et de conclure : « nous aurions ainsi évité le blocage que l’on constate aujourd’hui »…

Nordine Hachemi (Kaufman & Broad) cible la BCE, "ce pompier pyromane"