A ce jour, la conception de tous les ouvrages principaux est achevée, comme le Village Olympique par exemple. Ici, interviendront notamment Icade, la Caisse des Dépôts et CDC Habitat. Les 26 permis de construire ont été obtenus, les ventes ont été réitérées (celle avec Pichet sera signée la semaine prochaine). Le Village accueillera, lors des JO, près de 14 300 athlètes dans des chambres et espaces de bureaux qui seront transformés après leur départ en logements, eux-mêmes livrés un an après la fin des JO. A signaler que ce chantier sera « le plus grand chantier mono-site de France ». Permis de construire déposé également pour le centre aquatique, qui dispose, comme imaginé par Atelier 2/3/4 pour Bouygues, de la plus grande charpente concave en bois du monde. Le cluster des médias (réalisé par Sogeprom), quant à lui, accueillera 25 000 journalistes sur les communes de Dugny, du Bourget et de La Courneuve ; il sera également prêt en temps et en heure.

La question d’un des lots en suspens

Seule incertitude dans l’ensemble du projet : Vinci Immobilier, chargé de construire un des lots du futur Village Olympique (sur 45 000 m2), a perdu son investisseur canadien Oxford Properties qui a évoqué, en juillet dernier, « les incertitudes liées au Covid-19 ». « Evidemment, ceci nous a déstabilisé » concède le directeur général de Solideo, avant d’indiquer qu’une alternative se dessine, dont l’issue sera connue d’ici deux mois. L’Etat cherche, en effet, à délocaliser l’un de ses ministères en Seine-Saint-Denis et serait très intéressé par le site olympique. La Direction de l’Immobilier de l’Etat a lancé un appel d’offres ; reste maintenant que la proposition de Vinci Immobilier soit la mieux disante. Dans le cas contraire, Nicolas Ferrand se dit « inquiet » et devra alors faire face « à une vraie crise ». Pas d’affolement, cependant : « nous prendrons la crise quand elle arrivera mais, pour le moment, j’espère que cette solution fonctionnera ».

Modes constructifs innovants pour un programme exemplaire sur le plan environnemental

« Vitrine pour l’expertise et le savoir-faire français », le projet de Village des athlètes est, par ailleurs, un enjeu majeur sur le plan environnemental. Cet immense ouvrage vise à travailler sur les modes constructifs et les faire évoluer dans la trajectoire bas carbone inscrite dans les engagements de la France au titre de l’Accord de Paris sur le climat. Dans ce cadre, la Solideo a demandé aux opérateurs immobiliers investis sur le site de développer sur « des bâtiments cîme » des thématiques d’innovations ambitieuses (réutilisation des eaux grises, béton bas carbone…) Résultat : au stade du dépôt des permis de construire des immeubles du Village, il est enregistré une réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à des modèles plus traditionnels de construction. La neutralité carbone devrait être atteinte, ici, à l’horizon 2050. Les 35 000 m3 de bois utilisés pour construire près de la moitié des logements prévus dans le projet contribueront à alléger la facture carbone : Nicolas Ferrand souhaite que le bois utilisé soit, a minima, à 50 % issu de la filière bois français. A noter également que, lors des démolitions de bâtiments existants sur les différents sites, une démarche de recyclage des déblais a été engagée. A titre d’exemple, pour la Cité du cinéma, il a été procédé au recyclage de 92 % de tout ce qui existait sur le site, sans surcoût.

Au-delà de l’innovation, la Solideo veut aussi réinventer « l’espace urbain »et faire de ce site des JO une référence. Manque encore, pour y parvenir, ce que Nicolas Ferrand appelle « l’effet waouh », entendu comme un geste architectural, une installation qui marquerait les esprits. Et de citer la tour Orbit, officiellement dénommée l’ArcelorMittal Orbit, emblème des Jeux Olympiques de Londres en 2012. Haute de 115 mètres, elle est signée du sculpteur Anish Kapoor (celui du « Cloud Gate » de Chicago) et d’un ingénieur sri-lankais, Cecil Balmond. Le compte à rebours est lancé : « il nous reste 34 mois et 27 jours pour trouver notre effet Waouh ! » conclut Nicolas Ferrand.

Nicolas Ferrand (Solideo) : "nous serons au rendez-vous des JO 2024"