Pour le président de LPI-SeLoger, le marché 2020 se résume en une expression « stop and go » : après un record historique des ventes en 2019, le confinement a conduit à un arrêt «brutal» des transactions, puis un rebond s’est produit à la sortie de ce confinement et, enfin, à un nouveau coup de frein ».
Grâce à la couverture de près de 60 % du marché résidentiel, l’association relève, ainsi, qu’entre avril et juillet, le volume des ventes est en hausse de 460 % avec, en juin et juillet, une progression des compromis signés de 6 % sur un an, traduisant une activité de 20 % supérieure à la moyenne enregistrée lors des périodes précédentes. Pour autant, sur l’année qui se termine, les volumes de vente sont en fort retrait : « les mesures de restriction prises par les banques à la demande des instances financières, puis, à partir de mars, la survenue de l’épidémie, ont paralysé le marché » analyse le professeur Michel Mouillart, porte parole de l’association LPI. « Les ventes ont reculé de 57 % pendant le confinement et le rebond a pu faire croire que nous revenions dans le « monde d’avant », mais la réalité nous a rattrapé, car, même si les mois de juin et juillet ont été exceptionnels, dès septembre le marché a trébuché ; le deuxième confinement a entraîné une contraction des ventes de 25 % ». En conséquence, les ventes réalisées par les particuliers seraient, au final, en recul de 16 %. Particulièrement pénalisés, les ménages possédant des revenus inférieurs à trois Smic, pour qui le nombre de transactions signées est en baisse de 18 %. Le marché de la revente, quant à lui, est en berne et entrave le marché du neuf. « Chute du marché de l’ancien, blocage de celui de la revente et effets induits sur le marché du neuf » résume Michel Mouillart.

Pas de « ruée vers le vert »

Nicolas Berthelot, directeur général adjoint de Sogeprom, constate, pour sa part, non pas une annulation pure et simple, mais pour beaucoup un report des projets dans le neuf. « Il y a eu des changements de projets de la part d’acquéreurs manquant de visibilité sur l’avenir professionnel et d’acquéreurs n’ayant pas accès au crédit ». Et, observe t-il, si le confinement a révélé des envies d’espaces extérieurs, de jardins ou d’espaces tout simplement plus grands, il n’a pas pour autant conduit à une « ruée vers le vert » : « ceci est anecdotique et pas du tout à l’image de ce que l’on a pu voir dans certains médias. Ce n’est pas une tendance lourde et l’espace en plus, les extérieurs sont des souhaits qui datent d’avant le confinement, mais qui se sont toujours très vite confrontés à la réalité budgétaire des ménages ».

La hausse des prix se poursuit

Dans ce contexte de crise sanitaire et de recul de la demande, perdure une « hausse soutenue des prix pour l’ancien », de 6,5 % sur l’année 2020, contre 4,8 % sur l’année 2019. La progression des prix est manifeste dans toutes les villes de plus de 100 000 habitants ; ils augmentent de 5 % par an dans 75 % des villes de plus de 100 000 habitants. « Une forte inégalité des marchés régionaux est apparue » indique Michel Mouillart. Et de considérer qu’en 2021, un ralentissement des prix devrait être enregistré, avec une évolution de l’ordre de 3 à 4 % sur l’année. Il s’agirait d’une possible diminution des prix « de quelques pour cents dans un quart des grandes villes (plus de 100 000 habitants). « Il n’y aura pas d’effondrement des prix dans les villes moyennes ou dans les zones rurales ; les ménages qui pourraient s’y installer étant des ménages à pouvoir d’achat plus élevé que celui des ménages déjà présents dans les territoires en question ». Il ajoute : « il y aura un ralentissement des prix et peut être des baisses dans des villes plus durement frappées que les autres.

*LPI SeLoger regroupe 13 acteurs de l’immobilier : BNP Paribas Real Estate, CapiFrance, Crédit Logement, Crédit Mutuel, Gecina Groupe BPCE, HEXAOM, I@D, La Banque Postale, OptimHome, SAFTI, SeLoger et Sogeprom).

LPI SeLoger : le scénario privilégié pour 2021 est celui d'un "ralentissement de la hausse des prix"