Logement : sortir du dialogue de sourds

La réunion de « restitution » du CNR Logement d’hier a offert une magnifique et parfaite illustration du dialogue de sourds : non, comme on pourrait le croire, de ces habituelles confrontations entre professionnels d’un secteur d’un côté et gouvernement de l’autre, chacun cherchant à défendre ses intérêts d’un côté et, de l’autre, à préserver l’équilibre des finances publiques. Ce dernier scenario a déjà été joué maintes fois et le secteur y est largement habitué.

Dans ce moment d’hier affleurait plusieurs nouveautés : la présence de la Première ministre, peu habituée à monter au créneau sur ce sujet, celle plus disruptive encore du Haut-commissaire au Plan que Jean-Louis Borloo écoutait d’une oreille attentive et bougonne… le poids politique du ministre délégué au Logement n’en est apparu que plus léger, voire inexistant.

Mais l’intervention d’Elizabeth Borne a surtout mis en valeur, au-delà des remerciements habituels – et légitimes – aux participants du CNR (Véronique Bédague et Christophe Robert en tête), un langage, on devrait dire une logique, aux antipodes des 19 propositions présentées. Certes, le Chef du gouvernement, d’une voix un peu monocorde a affirmé : « l’Etat prend le sujet à bras le corps, nous mettons les moyens et les budgets là où c’est nécessaire »… « nous sommes en train de bâtir une politique du logement »… mais rien, ou à peu près, des demandes présentées n’a été « entendu ». Le monde de l’immobilier et du logement, tous secteurs confondus, doit aujourd’hui réfléchir : manifestement, la mobilisation de tous n’a servi à pas grand-chose, sauf à la présence symbolique de la Première ministre. Demain, d’autres arguments, d’autres intervenants pourront-ils convaincre la technostructure, et notamment celle de Bercy ? C’est, sans doute, un des enjeux des mois à venir…

Pascal Bonnefille