Le logement, au cœur des questions du pouvoir d’achat ou de la santé, aurait été ainsi singulièrement oublié. Et le délégué général de la fondation, Christophe Robert, d’évoquer « la suppression de l’ISF remplacé par un simple impôt sur la fortune immobilière, de la baisse d’impôt sur les revenus financiers (flat tax), les cadeaux aux plus aisés sont assumés au nom d’un « ruissellement » des richesses depuis les « premiers de cordée » vers le reste de la population ». Quant à la suppression de la taxe d’habitation en 2023 pour tous, elle profitera surtout, considère la Fondation, aux ménages les plus aisés, les plus modestes en étant déjà exonérés ou payant peu. La fin de cette taxe pèsera à hauteur de 18 milliards d’euros par an sur le budget des collectivités et de l’Etat. Et, si des aides ponctuelles ont été accordées suite au mouvement des gilets jaunes et en raison de la crise sanitaire, elles ne seraient, selon la fondation, que des palliatifs à l’absence d’une vraie réforme des aides.

Réforme des APL et chute de la production de logements sociaux

Autre critique formulée par la Fondation : la baisse constante de ces aides puisque, selon elle, depuis 1984, l’effort public pour le logement n’a jamais été aussi faible : les aides au logement sont, en effet, passées de 1,82 % du PIB en 2017 à 1,63 % en 2020. La réforme des APL, avec une baisse des aides personnelles au logement de 5 euros par mois et par ménage, est venue confortée l’idée que, s’agissant de logement, la logique budgétaire prévalait. Une autre mesure, le gel puis quasi-gel des APL entre 2017 et 2019, a accentué les difficultés pour les ménages les plus pauvres.
Ces choix ont pesé aussi sur le logement social et le budget des bailleurs sociaux : la « Réduction de loyer de solidarité » (RLS), qui a atteint 1,3 milliard d’euros par an de 2020 à 2022, tout en augmentant la TVA sur les PLUS et les PLS, est venue bouleverser le financement des opérations. Dans le même temps, les difficultés à trouver du foncier sont venues accentuer la crise du monde HLM, où la chute de production est violente : 124 000 logements en 2016 à 105 000 en 2019, avant de s’écrouler en 2020, sous les effets de la crise sanitaire, avec 87 000 agréments. « L’objectif officiel de 40 000 PLAI, l’unique engagement gouvernemental au début du quinquennat en matière de production HLM, n’a jamais été atteint, passant même de 34 000 en 2016 à 32 000 en 2019, puis 28 000 en 2020. La production de logements étudiants est également préoccupante : sur les 60 000 logements promis, seuls 30 000 seront produits…

Logement, le « parent pauvre du quinquennat » dénonce la Fondation Abbé Pierre