Logement

Logement : la valse ministérielle s’accélère

09 Fév 2024 - 09h28

Il est de bonne courtoisie républicaine de saluer le nouveau ministre : saluons donc Guillaume Kasbarian pour sa nomination au Logement.  Mais (il y a toujours un mais), ne manquons pas, au-delà des étiquettes politiques, de noter que ce portefeuille est depuis de trop longues années un véritable fauteuil éjectable.

Sans remonter aux calendes grecques, disons depuis 15 ans, neuf titulaires se sont succédés à ce poste. Le seul à avoir tenu plus de deux ans (avec des titres différents) fut Benoist Apparu . Mais depuis… Cécile Duflot  (1 an, 10 mois), Sylvia Pinel (1 an, 10 mois),  Emmanuelle Cosse (1 an, 3 mois), Julien Denormandie (1 an, 8 mois), Emmanuelle Wargon (1 an, 10 mois), Olivier Klein (1 an),  Patrice Vergriete (5 mois) sont passés bien vite.
Certes,  dans cette liste, on distingue des ministres qui ont pu « faire quelque chose ». Mais cette valse ministérielle, qui s’accélère, rappelant les IIIème et IVème République, donne le tournis et inquiète (fortement) quant à la poursuite de politiques publiques adoptant une stratégie claire et bien définie. On objectera que sous les régimes précédents, la technostructure assurait « l’intendance » et , qu’au fond, les successions ministérielles laissaient indifférents les vrais décideurs.

Mais aujourd’hui, encore plus qu’ailleurs, le vrai pouvoir est à Bercy (le titulaire du poste, Bruno Le Maire, est en place, lui,  depuis… 6 ans et 8 mois). On imagine, comment dans le vaste vaisseau de l’économie et des finances, on perçoit ce « pauvre » ministre délégué ou secrétaire d’Etat, sans troupe, sans soutien politique majeur, débarquant dans ses fonctions (aucun des neuf « locataires » du portefeuille du Logement depuis 15 ans n’avait d’expérience ministérielle antérieure). Et à l’exception – notable – de Cécile Duflot et Emmanuelle Cosse, et dans une certaine mesure Julien Denormandie, aucun n’avait un « poids » important dans les appareils des partis politiques.

Bref, on ne peut que constater que le poste « Logement » donne le tournis et on comprend la lassitude de ceux qui veulent faire avancer le sujet qui, depuis deux ans, se sont adressés à trois ministres, trois cabinets… Une manière de dire que, au fond, la matière « logement » n’a pas réellement besoin de ministre ? Ni de politique publique ?

Pascal Bonnefille