Plusieurs enseignements importants découlent de l’observation des résultats de cette enquête. Le premier a trait à une question cruciale : la nécessité de créer davantage de logements. A rebours de l’ambition politique d’en finir (ou tout du moins de réduire son importance) avec la maison individuelle, les Français, tous votes confondus, ont plébiscité l’étalement urbain, et donc la construction de pavillons, au détriment de la densification des villes ; 37 % des sondés ont affirmé qu’il ne faut pas construire dans les grandes villes et les métropoles. Par ailleurs, les surélévations d’immeubles n’apparaissent que rarement comme un recours envisageable, y compris dans les grandes villes (19 %). L’espace et un certain isolement semble séduire de plus en plus de Français, surtout depuis la crise Covid, où les petits appartements au sein d’agglomérations surchargées n’apparaissent plus comme la panacée.

Concernant les lieux de décision pour la construction de logements, 74 % des Français ont indiqué faire confiance aux communes, un niveau de confiance nettement majoritaire qui contraste avec celui accordé à l’Etat (39 %). Les échelons administratifs intermédiaires (communautés d’agglomération, départements, régions) recueillent la confiance d’environ 60 % des Français. Cette confiance dans le « local » est naturellement plus présente chez les habitants des zones rurales et des petites villes, et bien moins chez les citadins.

Les électeurs RN et LFI souhaitent plus d’intervention de la part de l’Etat

Le contexte international est aussi un sujet qui divise les sondés ; ainsi, 59 % des interrogés se déclaraient « très inquiets » à ce propos, et jusqu’à 65 % chez les ruraux. Le prix des produits alimentaires de base suscite le même niveau d’inquiétude chez les Français. Concernant l’immobilier, 53 % des interrogés ont dit souhaiter que l’Etat régule le prix des loyers.

Concernant la répartition des votes en fonction de ces questions, les électeurs ayant voté Emmanuel Macron se sont le plus conformés à la moyenne général, tous votes confondus. S’ils attendent une régulation des prix de l’énergie (carburants, électricité et gaz), ils expriment en revanche moins d’attentes que le reste de la population quand il s’agit du tarif des produits alimentaires de base ou des prix de l’immobilier (43 % des électeurs d’Emmanuel Macron souhaitent qu’ils soient régulés). Pour cette même question de l’immobilier, les électeurs de Marine Le Pen (57 %) et de Jean-Luc Mélenchon (64 %) sont ceux réclamant le plus une régulation de la part de l’Etat…

L'habitat et ses enjeux lors du vote des Français au 1er tour de l'élection présidentielle