Premier enseignement : les entreprises françaises se distinguent par une forte intégration du modèle hybride, n’ayant pas l’intention de reculer sur le télétravail, à rebours des pays anglo-saxons où le retour au 100 % en présentiel est loin d’être anecdotique. Pour les entreprises étrangères implantées en France, notamment celles de la tech (Google, Amazon, Apple…), cela pose une légitime question de désalignement culturel, avec cette interrogation qui en découle : qui doit s’adapter à qui ? Il semble certain que les salariés français, dans leur majorité (du moins pour le secteur tertiaire), considèrent comme acquis la journée, voire les deux jours de télétravail de moyenne octroyés par leur employeur. Un retour en arrière de ce dernier pourrait rompre irréversiblement le « pacte social » liant les deux parties, risque que les entreprises implantées en France, qu’elles soient nationales ou étrangères, ne semblent pas disposées à prendre. « En France, le travail hybride est beaucoup plus installé que ce qu’on observe, en moyenne, dans le reste du monde » explique Flore Pradère, directrice recherche prospective chez JLL.

A l’échelle internationale, JLL informe que deux tiers des entreprises sondées envisageraient d’augmenter leur budget immobilier d’ici 2030 ; une décision allant de pair avec celle d’être attentifs sur l’allocation et l’optimisation des espaces, afin de ne pas investir dans des plateaux trop importants dont une partie risquerait d’être trop souvent désertée. Sur le télétravail, 56 % des décideurs internationaux déclarent que leur organisation offre aujourd’hui à leurs salariés l’accès au travail hybride ; un chiffre qui atteint 75 % en France, où seules 25 % des organisations du tertiaire prônent le 100 % présentiel.

Concernant les thématiques liées à la RSE et à l’intégration de l’IA, la volonté est bien présente, même si elle n’est pas toujours suivie d’effets concrets. 86 % des organisations à travers le monde sont convaincues du potentiel de l’IA pour résoudre des problématiques immobilières majeures, notamment environnementales ; de plus, 49 % envisagent concrètement de rendre leur immobilier connecté et adaptable d’ici 2030. En France, ils sont moitié moins nombreux… Les ressources et les budgets alloués à la mutation de l’immobilier de bureau ne sont pas toujours au rendez-vous, le sujet, bien que pris en compte pour les stratégies moyen et long termes, étant largement devancé dans les priorités des organisations pour les impératifs et les arbitrages économiques immédiats (réduction des surfaces, déménagements…). La preuve avec ce chiffre : seul un décideur français sur cinq se dit prêt à ne sélectionner que des immeubles résilients aux événements climatiques d’ici 2030 (45 % dans le monde), alors même que, dans les mots, la réduction de l’empreinte environnementale est une priorité clairement affiché dans l’Hexagone. « Les décideurs immobiliers ont aujourd’hui l’opportunité de dépasser la simple discussion financière pour embrasser des sujets stratégiques sur les plans RH, environnementaux et digitaux, et ont un rôle majeur à jouer en tant que catalyseurs de changement au sein de leur entreprise » conclut Flore Pradère.

*enquête, réalisée auprès de 2 300 décideurs à travers le globe

Les entreprises tiraillées entre retour sur site et maintien du télétravail selon une étude JLL