Beaucoup de spéculations et de fantasmes nimbent la perception que les Français ont de la santé du marché immobilier. Beaucoup sont justifiés, tant le marché est atrophié, d’autres un peu moins et réservent quelques surprises. Pour trier le bon grain de l’ivraie, le vrai du faux, Optimhome et Harris Interactive ont collaboré pour la première fois afin d’analyser les comportements immobiliers de la population. Le résultat de ce travail concerté est une enquête pour laquelle 1 503 personnes âgées de 25 à 65 ont été interrogées.

Premier enseignement : 29 % des Français interrogés déclarent avoir acheté un bien immobilier au cours des trois dernières années, dont 25 % une résidence principale. 16 % disent avoir vendu, dont 11 % leur résidence principale. Dans les deux cas, les résultats sont similaires à l’année 2021, date de réalisation de la dernière étude. Pas d’effondrement, pas d’apocalypse, simplement un statut quo. Les 25-34 ans, les Franciliens et les CSP+ constituent les profils les plus surreprésentés concernant ces transactions immobilières.

Pour le budget alloué à l’acquisition d’une résidence principale, il progresse depuis 2022, alors même que le recours au crédit recule (75 %, -9 points par rapport à 2022). La durée d’emprunt tend également à reculer depuis deux ans (42 %, -11 points par rapport à 2022). Au cours des trois dernières années, plus de la moitié (55 %) des acquéreurs déclarent avoir dépensé plus de 200 000 euros dans le cadre de leur achat immobilier. Quels enseignements tirer de telles données ? Logiquement, le recours au crédit s’effrite, les banques étant de plus en plus sélectives à l’heure d’octroyer des prêts, dont elles souhaitent raccourcir le plus possible la durée de remboursement. Les achats s’effectuent donc plus régulièrement payés comptant, grâce à la réalisation de plus-values antérieures ou à un fort apport personnel. Les primo-accédants sont plus souvent laissés sur le bord de la route.

Les intentions d’achats progressent, ce qui prouve l’intérêt des Français pour la pierre. 31 % des sondés souhaitent acquérir un bien au cours des 24 prochains mois, tandis que 12 % ont l’intention de vendre dans les 12 prochains mois. Les agences font savoir que leurs niveaux de fréquentations sont à la hausse, que les particuliers se renseignent de nouveau, prospectent, interrogent, se projettent. Une demande croissante qui se heurte, néanmoins, à une offre bien plus famélique. Optimhome relève une hausse des mandats de vente réalisés depuis le début de l’année et une augmentation de 12 % entre avril 2023 et avril 2024. Avec forcément un peu de casse au passage : 8 % des compromis réalisés ont finalement été annulés.

Les Français, s’ils veulent acheter, sont de plus en plus soucieux d’en savoir le plus possible sur les biens qui les intéressent et souhaitent disposer d’outils, notamment numériques, leur permettant de se faire une idée précise de l’actif auquel ils aspirent : photos multiples, visites en 3D, descriptifs précis des caractéristiques énergétiques d’un bien, inventaire des services à proximité… Les sites d’annonces sont abondamment consultés (70 %), mais aussi les applications (44 %, +5 points). Du côté des vendeurs, le niveau de solvabilité des prétendants au rachat apparaît comme un élément déterminant pour 20 % d’entre eux.

Le recours aux professionnels a de nouveau la cote, avec un recours aux mandats exclusifs en hausse (49,7 % pour le seul réseau OptimHome). 75 % des récents acquéreurs et autant parmi les nouveaux vendeurs indiquent être passés par une agence ou un professionnel de l’immobilier pour réaliser leur(s) transaction(s). La garantie d’un conseil optimal pour des particuliers qui ont globalement une bonne opinion des métiers de l’immobilier (71 %, +17 points de gagnés par rapport à 2015).

Les délais de vente ont raccourci en moyenne de 20 jours, malgré une augmentation de la durée de conclusion des mandats de vente au-delà de 120 jours. Et tous types d’appartements trouvent preneurs, mêmes les moins économes en énergie ; ainsi, 28 % des biens étiquetés F et G qui ne trouvaient auparavant pas preneurs commencent à voir des offres affluer, plus précisément de la part des primo-accédants qui, faute de mieux, se rabattent sur ce type de biens à tout point de vue perfectibles. Néanmoins, le niveau encore élevé des taux d’intérêt (pour 45 % des sondés) et le budget à disposition (43 %) apparaissent comme les principales difficultés auxquelles sont confrontés les intentionnistes d’achat d’un bien, particulièrement chez les plus jeunes. Leur pouvoir d’achat a baissé de 27 % en moyenne, ce qui les incite à rogner sur des surfaces et à s’éloigner de Paris.

Pour leur résidence principale, les 25-65 ans semblent avoir une inclination particulière pour les zones péri-urbaines (38 %) ou rurales (37 %) plutôt que les grandes agglomérations (25 %). Pour une résidence secondaire, leur préférence va clairement à la ruralité (60 %), tandis que les grandes agglomérations apparaissent comme le lieu idéal pour l’achat d’un bien destiné à la location (50 %), avec un « turn-over » important des locataires et une demande qui ne se tarit jamais.

Enfin, concernant le DPE, 47 % des sondés déclarent être très bien informés à son sujet et 60 %, juste bien informés (64 % chez les propriétaires). 60 % des propriétaires disent avoir l’intention de réaliser des travaux ou en ont déjà effectués ; 36 % de ces travaux représentent un budget conséquent payable en une fois, dont les retombées et la rentabilité ne se feront sentir qu’à moyen et long termes. 62 % seraient prêts à acquérir un bien classé G ou F afin de réaliser des économies lors de l’acquisition ; une opinion surreprésentée en agglomération parisienne (75 %)…

Les comportements des Français en matière d'achat et de vente de biens immobiliers...