Bien que l’Unam ne remettre pas en cause l’utilité d’un tel dispositif, encore moins sa portée philosophique dans le contexte de réchauffement climatique, elle alerte sur les dangers qu’une application stricto sensu et dénuée de discernement ferait peser sur les dynamiques économiques et démographiques des territoires. À rebours des raccourcis caricaturaux, l’Union Nationale des Aménageurs démontrent que c’est avant tout l’usage qui est source de pollution, non le projet de bâti en lui-même : « il existe des usages agricoles qui artificialisent et des usages urbains qui font place à la biodiversité et à la résilience climatique ». L’austérité foncière aveugle et implacable risquerait de faire fi de réalités complexes, telles que l’aménagement des territoires et leur transition environnementale. Surtout, il est notable que certaines zones déjà artificialisées, comme les friches industrielles, se situent dans des zones géographiques où l’activité économique est pauvre, voire inexistante. « Le potentiel foncier des friches, localisées dans certaines régions, comme les Hauts-de-France, la Normandie ou le Grand Est, est totalement décorrelé des projections démographiques » indique l’Unam. C’est notamment le cas de la côte Ouest, fortement plébiscitée, mais qui ne dispose pas du passé minier ou industriel des régions susnommées, et donc de friches potentiellement reconvertibles.

Surtout, l’Unam rappelle que l’unique modèle consistant à réhabiliter des logements existants et vides et à mobiliser des friches ne suffira pas à répondre au besoin croissant de logements en France. « Si un logement est vide, car mal conçu, et dans un secteur sans activité, on ne voit pas en quoi sa réhabilitation soutenue par les deniers publics résoudrait ce qui l’a vidé d’utilité ». De plus, « si la réhabilitation énergétique de passoires thermiques est positive, elle ne masquera pas qu’un logement réhabilité n’en crée pas de nouveaux » est-il précisé. Le gisement disponible n’est pas aussi conséquent que l’on pourrait croire : « nos études, confirmées par celles de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), considèrent qu’il n’y a que 400 000 logements disponibles remobilisables et non pas trois millions (chiffre fréquemment avancé). » Enfin, l’Unam cible la question du coût et de la complexité des projets de réhabilitation, déplorant un modèle parfois à perte.

L’Unam dresse une liste de propositions afin d’ « accélérer la transition climatique sans s’attaquer au logement et au pouvoir d’achat des Français » :

mise en place de permis d’aménager bio-climatiques, c’est-à-dire d’un outil permettant d’accompagner l’ensemble des acteurs pour agir sur l’optimisation des ressources locales et poursuivre un objectif de sobriété foncière tout en répondant à la demande de logements ;
instauration d’une prime aux aménagements vertueux ;
soutien apporté aux élus locaux ;
ratification d’un contrat d’aménagement anti-spéculatif.

Le Zan, une mauvaise réponse à une bonne question ?