De Saint-Ouen, le grand public connaît les célèbres puces avec ses étals chamarrés s’alignant sur des mètres de bitume. Elle connaît aussi son cosmopolitisme décomplexé et son statut de cité populaire par excellence, ex-symbole de cette ceinture rouge encerclant la Capitale et célébrant le communisme universaliste. De communiste, Saint-Ouen n’a plus que l’héritage, peut-être un peu la tradition. Mais, dans les faits, la commune, dirigée depuis 2020 par le socialiste Karim Bouamrane, s’est rangée du côté de l’économie de marché et de la modernité, avec un dynamisme remarquable. « Plusieurs facteurs participent à faire de Saint-Ouen l’une des villes de demain » explique Olivier de Molliens, au rang desquels une proximité avec Paris, la ville faisant partie de la petite couronne, collée à la Capitale ; une parfaite connectivité avec cette dernière grâce à la ligne 14 ralliant la station Châtelet en 15 minutes ; surtout, une régénération urbaine contribuant à faire de cette commune de Seine-Saint-Denis un pôle d’attractivité croissante pour les entreprises et certaines des institutions publiques les plus puissantes. Est-ce un hasard si le Conseil Régional d’Ile-de-France a décidé de quitter le confortable 7ème arrondissement de Paris pour y installer son siège social en 2018 ? Ou si la DGSI (Direction Générale des Services Intérieurs) va migrer de la pépinière à sièges d’entreprises et d’institutions qu’est Levallois-Perret (92) pour mettre le cap au Nord en 2028 ? Sans compter le projet de CHU qui s’étendra sur plus de sept hectares, dont 145 000 m2 consacrés à sa partie hospitalière, et qui regroupera, d’ici quelques années, l’hôpital Bichat de Paris et Beaujon des Hauts-de-Seine en un seul et unique lieu. A Saint-Ouen, évidemment.

Plusieurs transactions d’envergure

« L’existence des Docks de Saint-Ouen donne un avantage à la ville, ils lui confèrent une dimension qui en fait incontestablement l’une des plaques centrales de la proche banlieue parisienne » explique Olivier de Molliens. Créées en 2007, Les Docks de Saint-Ouen constituent un parc de 12 hectares installé sur d’anciennes friches industrielles et qui se veut un éco-quartier mêlant logements, bureaux et commerces. Le groupe Frey a, d’ailleurs, signé les premiers baux de son projet de développement commercial en début d’année, qui entraînera la reconversion de l’ancienne Halle Alstom, sur 13 000 m2, et du cours des Lavandières, sur 12 000 m2. Les Docks se veulent être un tiers-lieu et un espace de mixité attirant bien au-delà de la commune, une sorte de centre névralgique du nord de Paris. « Grâce à cet environnement favorable, NCT a pu intervenir sur une dizaine de transactions à Saint-Ouen depuis 2020 » confie Olivier de Molliens. Plus de 1,5 milliard d’euros a été investi en deux ans dans trois types de deals. De plus, quelques opérations tertiaires d’envergure ont été réalisées dans la ville, à l’image de l’acquisition pour 120 millions d’euros, de la part du groupe Hines, de l’ancienne distillerie Ricqlès transformée en campus tertiaire de 14 000 m2 totalisant 1 300 postes de travail. D’autres immeubles participent à attirer de nouvelles entreprises grâce à leur modernité et le confort qu’elles proposent, comme Euroatrium, actuellement en cours de commercialisation. « J’appelle cet immeuble Peter Pan, car il ne vieillit pas, lorsque je passe devant j’ai le sentiment qu’il ne prend pas une ride » image William Morelli, directeur associé du département bureaux Ile-de-France.

40 000 m2 en passe d’être loués en 2022

Sur les cinq dernières années, Saint-Ouen est la quatrième ville où ont été réalisés le plus d’investissements tertiaires (532 millions d’euros), juste derrière des communes réputées de longue date pour leur attractivité vis-à-vis des entreprises, à savoir le trio des Hauts-de-Seine composé de Levallois-Perret, Boulogne-Billancourt et Issy-les-Moulineaux. De plus, la ville propose aux investisseurs des opportunités « core » présentées comme très rémunératrices. D’un point de vue locatif, 40 000 m2 sont en passe d’être loués en 2022, soit 30 % de plus que la moyenne décennale ; 80 % des prises à bail se font dans des immeubles neufs. Cependant, « les entreprises s’engagent aujourd’hui sur des surfaces moins importantes qu’auparavant », affirme William Morelli. « Ce qui témoigne de leur flexibilité croissante et de leur volonté de réduire les coûts immobiliers ». Depuis cinq ans, la surface moyenne des transactions est de 13 500 m2 ; depuis 2021, elle est passée à 10 500 m2. La production de mètres carrés ne s’étant pas arrêtée pour autant, le taux de vacance du tertiaire croît naturellement. Une plus grande divisibilité des surfaces est actuellement à l’œuvre, en réponse aux nouvelles organisations du travail. « Saint-Ouen n’est pas un territoire mal-aimé, bien au contraire » conclut William Morelli. Ce n’est pas l’activité tertiaire s’y déroulant qui va le contredire…

Le marché tertiaire de Saint-Ouen se dynamise