C’est la première fois qu’il y a une approche holistique des métiers de l’immobilier dans une étude, réalisée par les deux protagonistes, et qui se penche sur toutes les dimensions des métiers de l’immobilier : l’économie, le sociétal, l’environnemental et le social.

Le premier aspect développé : l’impact économique. L’étude démontre que l’industrie de la ville reste la première filière industrielle en France. Son impact direct représente 10,5 % du PIB et 2,3 millions d’emplois. La crise actuelle a affecté cette capacité à soutenir la croissance et l’emploi. A titre d’exemple, en 2023, la filière a subi un recul de 1,5 % de son activité et 2024 devrait malheureusement prolonger cette tendance. Malgré tout, la moitié des dirigeants reste optimiste sur les perspectives économiques à douze mois, mais leur niveau de confiance est au plus bas depuis 2019. Par ailleurs, l’incertitude politique actuelle pourrait avoir un impact sur les mises en chantier, l’investissement et le recrutement. Interrogés sur leur impact à moyen terme, une tendance ressort affirmant que les dirigeants prévoient que la filière peut « accentuer son effort en matière d’innovation ». Les dépenses R&D du secteur restent faibles (0,4 % du chiffre d’affaires de la construction est affecté aux dépenses liées à l’innovation et 0,1 % du chiffre d’affaires des activités immobilières… contre 1,6 % pour la moyenne de l’économie) même si la « proptech » connaît une période de forte croissance, avec des levées de fonds multipliées par quatre en cinq ans.

A propos de l’impact environnemental, la filière va devenir « l’une des premières contributrices à la baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) avec des progrès historiques ». Le domaine du bâtiment (sur l’ensemble de son cycle de vie) représente 25 % de l’empreinte carbone annuelle de la France. Investir dans la décarbonation est donc un des leviers les plus efficaces pour atteindre les objectifs nationaux. Entre 2019 et 2023, les émissions directes de GES liées à l’usage des bâtiments résidentiels et tertiaires ont baissé de manière historique : 21 %. Mais l’effort doit être redoublé. « Les émissions doivent encore diminuer de près de 50 % pour atteindre les objectifs 2030 » de la stratégie nationale bas carbone. Dans le secteur de la construction, là aussi, les marges de progression restent importantes, grâce notamment à « la construction hors-site, au réemploi et aux matériaux biosourcés ». En revanche, le rythme d’artificialisation des sols reste néanmoins près de 40 % supérieur aux objectifs fixés par le Zan.

Pour la première fois, l’étude a concerné́ deux dimensions moins explorées par la filière : le champ social comportant l’emploi, les territoires, la diversité et l’inclusion et le champ sociétal avec la contribution de l’industrie au bien-être, au « bien vivre » et « bien manger » de chaque Français. En termes d’impact social, la parité progresse, spécifiquement en matière d’accès aux postes de direction, mais avec des écarts de rémunération qui restent élevés. Néanmoins, à l’instar d’autres secteurs d’activité, « de gros efforts restent à fournir pour améliorer la parité dans certaines activités ». Ainsi, les agences immobilières emploient 62 % de femmes alors que la construction n’est qu’à 13 % d’emploi féminin.

L’étude montre que dans l’ingénierie ou la construction, plus de 85 % des emplois sont en CDI, les emplois plus périphériques (l’entretien, la maintenance principalement) sont plus souvent liés au travail intérimaire. En lien avec la gravité de la crise actuelle, la prudence est de mise en matière de recrutement, et le pourcentage de dirigeants envisageant de recruter dans les trois prochaines années est en recul de sept points depuis 2023 (67, contre 74 %).

A propos de l’impact sociétal, la crise de la filière touche « la capacité à se loger et le pouvoir d’achat des Français ». 74 % des dirigeants se déclarent convaincus du rôle profond de leurs activités au service de la qualité de vie et du bien-être des Français. 56 % des dirigeants interrogés estiment que la revitalisation des centres-villes des petites et moyennes communes est une priorité pour la filière. Trois champs d’action principaux marquent l’impact de leurs activités : d’abord, la disponibilité et le coût du logement ; le soutien de l’emploi par des espaces de travail bien conçus et, globalement, la qualité de vie au sein des territoires. La filière crée et entretient les lieux de travail dont l’importance pour les Français a augmenté depuis 2019 : 57 % d’entre eux estiment que leur espace de travail est « très important » pour leur santé (+7 points), 54 % pour leur bien-être (+6 points) et 45 % pour la qualité des relations avec les personnes qu’ils encadrent (+11 points).

La Fondation Palladio et EY dévoilent la première étude d’impact global sur l’industrie de la ville en France