Un défilé de tractopelles disséminant des monticules de terre de part et d’autre de vastes édifices aux façades vitrées et fortement végétalisées. Un ballet d’ouvriers savamment orchestré par des chefs de chantier haranguant leurs « troupes ». Un soleil printanier baignant de lumière, en cette fin avril, les espaces arborés ponctuant de vert cet îlot. Le chantier du programme Issy Cœur de Ville, à Issy-les-Moulineaux, touche à sa fin et les élus de cette commune huppée des Hauts-de-Seine se félicitent de l’avoir conduit avec succès, aux côtés d’Altarea, le promoteur. « C’est un projet structurant pour la commune, à quelques mètres des stations de métro Corentin Celton et Mairie d’Issy » affirme Philippe Knusmann, maire-adjoint de l’édile André Santini (Union des démocrates indépendants), délégué à l’urbanisme.

Le feu vert du projet a été donné en 2016, avec le lancement des études d’avant-projet sommaire (APS). « La réflexion avait été initiée dès 2001 pour réhabiliter cette friche où trônait une espèce de gros bunker replié sur lui-même qui fut, en son temps, le centre de formation et de développement de France Télécom » poursuit l’adjoint. Une consultation citoyenne est lancée par la mairie pour savoir quoi faire de cette Zac (zone d’aménagement concerté) et les riverains se prononcent en faveur de la création d’un lieu de vie et de services. S’ensuivra la formation d’un comité de riverains qui s’est réuni onze fois depuis le lancement du projet ; une tentative de démocratie participative locale qui a manifestement séduit les habitants : « ils ont véritablement été associés au projet, de sa genèse à sa quasi-finalisation », se réjouit Philippe Knusmann.

Limitation des îlots de chaleur

Le résultat est une opération mixte de plus de 100 000 m2 intégrant 607 logements (dont 25 % à caractère social), une résidence senior, plus de 17 000 m2 de commerces, dont un cinéma et un pôle de restauration, et près de 41 000 m2de bureaux. Une école de dix classes et une crèche comptant 60 berceaux complèteront l’ensemble. Pour les prix des logements, il faudra compter 12 500 euros du mètre carré pour ceux en accession libre ; à date, seuls 20 logements sur les 607 prévus n’ont pas encore été vendus.

Dès la phase de réflexion du projet, ce dernier a été conçu comme à la pointe de la responsabilité environnementale, s’inscrivant pleinement dans une démarche de transition écologique conférée par son recours aux énergies propres et décarbonées (70 % du réseau énergétique d’Issy Cœur de Ville seront couverts par des énergies renouvelables). La végétalisation du projet s’inscrit dans cette démarche, avec 13 000 m2d’espaces verts, dont 4 000 m2de pleine terre, et 100 arbres plantés, limitant ainsi la formation d’îlots de chaleur. Le nombre de places de parking a volontairement été revu à la baisse (931, dont 237 à usage public), afin de favoriser les mobilités douces (vélos, trottinettes, transports en commun…).

Du froid pour produire du chaud

Pour aller encore un peu plus loin dans la responsabilité écologique, Altarea s’est adjoint les services d’Engie Solutions, qui a fait le choix de mettre sur pieds une boucle géothermique comme système énergétique du projet. L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a financé ce système à hauteur de 532 000 euros.

« Nous puisons de l’eau dans la nappe phréatique à 35 mètres de profondeur » explique Dominique Goudard (Altarea), le directeur du projet Issy Cœur de Ville. « Cette eau, d’une température de 15 degrés, est ensuite répartie entre deux boucles d’eau (l’une chaude à 70 degrés, l’eau froide à 5 degrés) pour desservir le quartier entier. L’eau retourne ensuite dans la nappe phréatique, avant d’être puisée de nouveau et ainsi de suite. C’est une énergie renouvelable, propre et intarissable dans la configuration d’une boucle géothermique ». « Le froid permet de produire le chaud » complète Christine Rougebief, directrice d’Engie Solutions Ile-de-France. De l’eau froide est stockée afin d’être transformée en eau chaude et réutilisée ultérieurement. Ce mécanisme est rendu possible par l’installation de nodules reliés à des chaudières numériques réchauffant la boucle d’eau sanitaire. Toutes ces machines sont installées dans un vaste sous-sol attenant aux parkings et contrôlées par des techniciens dédiés au bon fonctionnement et déroulé du système.

A quelques mois de l’inauguration du projet, « la boucle énergétique est achevée » assure Christine Rougebief. L’intégralité des bâtiments est intégrée à cette boucle. Aucun fluide frigorigène n’est utilisé pour refroidir l’eau, ce qui permet de limiter fortement l’émission de gaz à effet de serre. « La géothermie est une approche qui se développe depuis peu en France, mais qui a un grand avenir compte tenu des impératifs actuels de réduction de la pollution » conclut la directrice d’Engie Solutions Ile-de-France. Premiers retours d’expérience dans quelques mois…

Issy Cœur de ville : le nouveau grand projet d’Altarea