Il ne pouvait pas y échapper : au lendemain de la conférence tenue par la Chef du gouvernement, la parole de Damien Robert, président du directoire d’In’li, était attendue, prête à être recueillie, puis commentée. Las, sa réaction aura été succincte et évasive. Tout au plus s’est-il dit globalement satisfait des mesures annoncées, ajoutant qu’il attendait davantage de précisions sur leur application pour dresser un bilan général. Il a également souligné que, sur les 30 000 logements qu’Action Logement s’est engagé à acquérir, une partie sera sous la responsabilité d’In’li. Malgré tout, le logement intermédiaire, pré carré d’In’li en Ile-de-France, est ressorti comme le grand gagnant des arbitrages gouvernementaux, avec une révision du zonage qui permettra à 100 nouvelles communes d’intégrer le « pipeline » de celles figurant déjà en zone tendue.

Le logement intermédiaire, c’est quoi ? A qui s’adresse-t-il ? Et en quoi diffère-t-il du logement social ?

Ce type de logements permet à ses locataires de bénéficier de loyers plafonnés, inférieurs aux prix du marché ; il s’adresse aux salariés non-éligibles au parc social et représente une vraie alternative afin de les rapprocher de leur lieu de travail. Dit autrement, c’est un intermédiaire entre parc social et parc privé, pour celles et ceux qui ont des revenus trop élevés pour se loger dans le social, mais trop faibles pour accéder à un logement décent dans le privé. La décote moyenne des loyers du LLI est de 33,5 % comparée aux loyers de marché (uniquement 15 % dans le neuf). Le gain annuel moyen de pouvoir d’achat pour celles et ceux qui y habitent est de 3 623 euros. Face à une offre locative qui a baissé de 15 % en Ile-de-France, la mobilisation de l’intermédiaire peut également permettre de faire repartir un taux de rotation à l’arrêt, avec une position attentiste de la part des locataires, surtout dans le parc social. « La baisse de l’accès à la propriété embolise le marché de la location, le fait perdre en fluidité » a précisé Damien Robert.

« La Région Ile-de-France accueille 5 000 nouveaux habitants chaque année » a-t-il poursuivi. « C’est un poumon d’attractivité économique, beaucoup de salariés s’y installent pour le travail ». Simplement, ces derniers rencontrent de plus en plus de difficultés à se loger. « C’est un frein à l’implantation de nouvelles entreprises. Seuls 40 000 logements ont été bâtis au cours des 20 dernières années en Ile-de-France, alors qu’il en faudrait 70 000 nouveaux par an ! ». In’li estime entre 160 000 et 280 000 les besoins en logements intermédiaire en Ile-de-France sur la décennie 2021-2030. Actuellement, In’li gère 50 070 logements sur la région, accueillant plus de 100 000 locataires ; 3 232 nouveaux logements ont été engagés en 2022, 3 353 ont été livrés et 3 006 mis en chantier, pour un montant de 572 millions d’euros d’investissement en construction neuve et 54 millions dépensés pour la réhabilitation. Le chiffre d’affaires généré l’année dernière a été de 295 millions d’euros.

« Pour 2023, nous avançons avec le même engagement et la même dynamique » a promis Damien Robert. Il est prévu que 3 150 logements soient mis en chantier et 3 815 autres livrés. Une enveloppe de 69 millions d’euros va être débloquée pour les travaux portant sur la réhabilitation de 1 500 logements, dont 1 000 thermiques. « Nous souhaitons aligner notre stratégie de développement sur une stratégie RSE ambitieuse, avec un objectif de neutralité carbone à horizon 2040 » poursuit le président du directoire d’In’li. A horizon dix ans, le plan stratégique du groupe est d’avoir produit 80 000 logements en région francilienne. Reste encore la question des investisseurs, pas toujours évidents à trouver. Pourtant, avec 3 % de vacance, la sécurité locative est bien au rendez-vous du logement intermédiaire.
A noter : la création, en décembre 2019, de la foncière Cronos de la part d’In’li, devant lui permettre d’atteindre cet objectif de 80 000 logements intermédiaires sous dix ans.

In'li affiche ses objectifs en matière de logement intermédiaire, en Ile-de-France