Le ton n’a pas varié d’un iota en deux jours. Toujours combattif, franc et direct. Sans détours, euphémismes ou formules consensuelles. La vérité telle qu’elle est, ou du moins telle que la perçoivent l’USH et sa présidente. « Celles et ceux qui cherchent à banaliser notre activité veulent, sans le dire directement, mais néanmoins avec acharnement, nuire à un projet de société plus juste » a déclaré d’emblée la présidente. Message direct aux politiques qui jugent le logement social trop coûteux ou bien dénoncent des abus sporadiques en en faisant une généralité. Le concept de logement social « à vie », fustigé en son temps par l’ex-ministre du Logement Guillaume Kasbarian, avait été jugé par l’USH simpliste et stigmatisant pour l’ensemble des bénéficiaires du parc HLM. « Notre secteur est transparent dans ses comptes et dans ses chiffres » a réitéré Emmanuelle Cosse. « Même si nous avons des détracteurs, même si dans notre humanité, nous rageons de sentir que l’atmosphère entretenue sur la place publique n’est pas toujours à la solidarité et à la bienveillance pour les plus précaires, nous, nous répondons présents ! ».

Emmanuelle Cosse a déploré l’état d’esprit fataliste et désabusé que des années d’inaction politique ont laissé germer et s’épanouir dans la tête de nombreux Français : peur du lendemain, de la précarité, de la pauvreté. Du déclassement aussi, pour eux-mêmes comme pour leurs enfants. La présidente de l’USH se désole des réponses politiques apportées à cet accablement mental, de la dénonciation des soi-disant profiteurs à la stigmatisation des étrangers. « Ces peurs-là, même si nous pouvons les considérer comme infondées, nous devons y répondre. Ce qui ne veut pas dire leur donner raison ! ». Pour y parvenir, Emmanuelle Cosse s’est directement adressée à la nouvelle ministre du Logement, Valérie Létard, dont elle salue les convictions, l’énergie, le sérieux et l’engagement. Tout en insistant sur le sens des responsabilités qui repose dorénavant sur les épaules de l’ex-parlementaire, elle qui dispose de moyens conséquents et d’un ministère de plein exercice, sans ministre de tutelle.

« Chaque euro investi dans notre secteur revient doublé dans le budget de l’Etat ! » a défendu la présidente de l’USH. Elle a ainsi dénoncé la ponction de la RLS (Réduction du loyer de solidarité) depuis 2018 : « ce que nous ponctionne l’Etat, c’est ce qu’il ne retrouve pas ensuite dans ses caisses, augmenté de l’effet de levier de nos investissements de long terme ». Elle en réclame par conséquent la suppression. Elle a aussi réclamé la baisse du taux du Livret A dès la prochaine période de révision. Des mesures qui « permettraient une véritable bouffée d’air pour relancer l’activité rapidement ». De même qu’elle s’est insurgée contre le gel de plus de la moitié de la première des trois enveloppes allouées par l’Etat et qui englobent, en tout, 1,2 milliard d’euros sur trois ans, soit 400 millions par an. Des sommes devant permettre au mouvement HLM de se conformer aux objectifs de décarbonation et de sobriété foncière prévus par la loi Climat et Résilience, et dont le montant avait été négocié avec Patrice Vergriete et Christophe Béchu au cours du précédent congrès HLM.

« Dans les discussions que j’ai pu avoir ces derniers mois, j’ai souvent eu l’impression d’un déni de réalité de la part de nos interlocuteurs » a déploré Emmanuelle Cosse. Une réalité qui recouvre le fait que les travailleurs comme les retraités peinent aujourd’hui à se loger, sans parler des étudiants ou des familles monoparentales. « Madame la Ministre, si vous n’avez pas de baguette magique, vous avez sans doute un bâton de pèlerin, qui pourra vous amener à Bercy, à Matignon, à l’Elysée pour enfin faire entendre les réalités de ce pays que vous connaissez. Nous comptons sur vous ». Applaudissements et lever de rideaux.

Emmanuelle Cosse clôture le 84ème congrès HLM et en appelle au sens des responsabilités du gouvernement