Sa parole était attendue au tournant. Depuis le fief dunkerquois de Patrice Vergriete, la cheffe du gouvernement a dévoilé son plan pour le logement : « nous allons sécuriser la production de logements sociaux et financer la rénovation urbaine au cours des prochaines années » a-t-elle d’emblée annoncé. 1,2 milliard d’euros de financements sur trois ans sont au programme.

La garantie Visale (accordée par Action Logement et permettant aux bailleurs, en cas d’impayés de loyers ou de charges, d’être remboursés) bénéficiera, de plus, à un million de personnes supplémentaires d’ici 2027. « Pour éviter l’arrêt de programmes immobiliers, Action Logement et la Caisse des Dépôts se sont déjà engagés, cet été, à racheter près de 50 000 logements » a poursuivi Elisabeth Borne. Une deuxième action de ce type est prévue pour 2024.

Le PTZ (Prêt à taux zéro) va être prolongé jusqu’en 2027, grâce à 800 millions d’euros déboursés pour soutenir l’accès à la propriété aux six millions de Français supplémentaires éligibles au dispositif. Une deuxième extension du zonage (villes considérées comme tendues) va être engagée dans les prochaines semaines, qui intégrera les communes ayant des opérations d’intérêt général ou de grands projets de réindustrialisation en cours, comme Dunkerque.

Une Convention territoriale pour construire et rénover davantage a été signée. La Première ministre encourage la multiplication des conclusions de conventions locales. Vingt « territoires d’accélération du logement » doivent être désignés d’ici la fin de l’année, dont Dunkerque est en bonne posture pour faire partie intégrante.

Le logement intermédiaire va, lui aussi, faire l’objet d’une refonte ambitieuse, avec un Plan de développement incluant une multiplication par deux de sa production pour atteindre 30 000 logements de ce type d’ici 2026. Pour ce faire, un milliard d’euros supplémentaire doit être débloqué, avec la moitié de cette somme avancée par l’Etat et la Caisse des Dépôts. A noter que le gouvernement souhaite être plus offensif au sujet des meublés touristiques et adapter la fiscalité pour les locations de longue durée. « De façon générale, nous voulons rénover les copropriétés et lutter contre l’habitat dégradé » a déclaré Elisabeth Borne.

Un Plan pour le logement étudiant va être confié à Patrice Vergriete et Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. L’objectif : bâtir 35 000 nouveaux logements étudiants d’ici 2027. De plus, un délégué interministériel a été désigné sur cette question, dont l’identité n’a pas été précisée, et dont les conclusions sont attendues pour le premier trimestre 2024. Enfin, la Première ministre a mis l’accent sur les nouveaux modes de construction, notamment le hors site, avant d’informer qu’un projet de loi consacré au logement allait être présenté au Parlement au cours du printemps 2024.

L’annonce de ces mesures, bien que saluée, semble encore insuffisante pour nombre d’acteurs. Ce jeudi 16 novembre, la FPI (Fédération des Promoteurs Immobiliers) a annoncé un net repli des autorisations de logements sur tous les segments (-29 % par rapport au troisième trimestre 2022 et -28,3 % sur 12 mois). « Les chiffres sont sans appel : les mesures visant à amortir le choc, mises en œuvre par le gouvernement avec l’aide d’Action Logement et CDC Habitat, sont très utiles, mais demeurent insuffisantes » a affirmé Pascal Boulanger, président de la FPI. Plusieurs mesures ont été réclamées par ce dernier, dont la création (enfin) d’un statut du bailleur privé pérenne, le fléchage d’une partie de la TVA pour les communes qui bâtissent et le bannissement de la plus-value sur la rétention du foncier. « Le gouvernement a toujours eu une vision négative de l’investisseur physique, auquel il préfère les institutionnels » a conclu Pascal Boulanger. « Il faut qu’il sorte de ce paradigme. En tout cas, l’année 2023 s’annonce catastrophique ! ». Ambiance…

Elisabeth Borne présente de nouveaux objectifs pour le logement