Alors que la « visibilité est cruciale pour construire un projet immobilier », rappelle Magali Marton, 2021 est attendue au tournant comme une année de transition, même si le tout sera de savoir à quel trimestre la croissance reprendra, combien d’emplois seront créés et quelles conséquences auront le taux de chômage et la dette, alors que le climat des affaires avait atteint un creux historique en avril 2020, en plein premier confinement, et que les prêts garantis par l’Etat et l’explosion du télétravail rebattent les cartes pour le bureau.

Les grandes métropoles en berne…

Dans les grandes métropoles, la tendance est, bien sûr, à la baisse. Comme le présente Ludovic Delaisse, directeur général head of agency France, Paris accuse une baisse jamais vue depuis 1993 : la demande placée, qui a atteint 1,3 million de m2 en 2020, baisse de 45 %, et de 46 % par rapport aux cinq années précédentes ; l’offre de première main augmente de 18 %, à 1 474 000 m2, la seconde main de 12 %, à 3 661 000 m2, soit 14 % de hausse en tout pour l’offre immédiate. Lyon, quant à elle, accuse une chute de la demandée placée de 51 % (-30 % sur cinq ans), tandis que l’offre atteint 580 700 m2, en hausse de 24 %, l’année 2020 ayant été accélératrice de tendances selon l’agence locale. Marseille, elle, ne faillit pas à sa réputation « de ne rien faire comme les autres »: la demande placée sur Aix-Marseille-Provence baisse de 7 % (+5 % sur cinq ans), mais un résultat à contraster : la demande placée baisse de 23 % dans la cité phocéenne, mais augmente de 22 % à Aix-en-Provence ! L’offre immédiate augmente de 12 %, dont 28 % de hausse pour les biens de première main, révélant la maturité du marché provençal, soutenu par l’obsolescence croissante des immeubles qui encourage les utilisateurs à chercher de nouveaux espaces.

…Mais les marchés secondaires sont résilients

Dans le reste du Sud de la France, le marché se porte bien mieux. La demande placée à Nice a dépassé pour la première fois celle de Sophia-Antipolis en 2020, avec une hausse de 12 % (+30 % sur cinq ans), et les investissements ne se démentent pas, puisque l’offre sur un an s’accroît de 40 %. Bordeaux, quant à elle, souffre d’un net retrait après une année 2019 record qui avait succédé à l’arrivée de la LGV dans la ville, puisque la demandée placée chute de 55 % en un an (mais augmente de 7 % en cinq ans), tandis que l’offre à un an augmente de 21 %, et même de 63 % pour la première main qui était terriblement absente dans le centre-ville de Bordeaux. Nîmes confirme également son attractivité, avec une demande placée en hausse de 40 % (+5 % en cinq ans) et une offre immédiate qui augmente de 30 % ; Toulouse, bien entendu, souffre des turbulences actuelles de l’aéronautique, avec une demande placée qui chute de 51 % (-55 % sur cinq ans), mais l’offre immédiate continue à augmenter, atteignant 233 000 m2, soit 18 % de hausse.

Dans l’Est, la tendance est à la résilience. Dijon, avec une demande placée de 30 000 m2, enregistre une baisse de 24 % en un an, mais de seulement 6 % pour la moyenne sur cinq ans, tandis que l’offre sur un an baisse de 37 %, atteignant 25 000 m2, avec une stabilité des valeurs locatives. Reims, qui avait jusque-là une image de belle endormie, voit son réveil voué à continuer : la demande placée atteint 22 000 m2, en baisse de 27 % en un an, mais de 11 % sur cinq ans, tandis que l’offre immédiate augmente de 8 %, à 40 000 m2. Enfin, Strasbourg, dopée par son statut de métropole européenne, sa position transfrontalière et sa stratégie en faveur de baux flexibles, voit sa demande placée augmenter de 15 % en un an (1,5 % sur cinq ans), à 74 600 m2. L’offre immédiate atteint 158 600 m2 (+5 %) avec un avantage pour la première main. Enfin, Rennes, en Bretagne, voit ses volumes baisser de 45 % en un an (-33 % en cinq ans) et son offre immédiate augmenter de 8 %, mais il s’agit là de tendances déjà observées avant la crise sanitaire…

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