Marc Pigeon, le président de Build Europe, n’y va pas par quatre chemins pour définir la situation d’urgence dans laquelle est plongée l’Europe sur la question du logement : « les ménages modestes et les classes moyennes sont progressivement exclus de l’accession à la propriété et, à la location, les logements abordables deviennent… inabordables ».

Build Europe, à laquelle sont affiliés des organismes français tels que la Fédération des Promoteurs Immobiliers de France (FPI), l’Union Nationale des Aménageurs (UNAM) ou encore le Pôle Habitat FFB, dresse un panorama pour le moins sombre de l’accession au logement en 2021 : l’offre est insuffisante, les fonds publics consacrés à leur construction en constante régression… Les citoyens sont mécontents un peu partout en Europe, considérant que la politique du logement est sur la mauvaise voie quel que soit le pays. En 2021, les prix de vente de logements neufs ont augmenté de 9,2 % au sein de l’Union Européenne. De quoi décourager bon nombre de ménages pour lesquels la primo-accession s’est peu à peu transformée en chimère.

Pour Build Europe, plusieurs facteurs sont à l’origine de cette situation : malthusianisme des élus locaux (restriction de la construction), mise en œuvre trop radicale de directives européennes sur l’innovation, notamment le zéro artificialisation nette des sols, qui a conduit à une inflation du prix des terrains devenus mécaniquement plus rares, et, enfin, une volonté, louable mais trop rigoureuse, de lutter efficacement contre les passoires thermiques. L’on peut ajouter à ces paramètres une inflation galopante : + 5,3 % en Europe en décembre 2021, contre + 0,3 % un an plus tôt, et + 3,4 % en France en décembre 2021 (par rapport à 0 % un an auparavant). D’un point de vue conjoncturel, le conflit en Europe entraîne des effets collatéraux qui n’arrangent rien : hausse du prix des matières premières et de l’énergie, accueil de réfugiés venant accroître la demande de logements dans certains pays dont le marché est déjà sous tension…

Quatre leviers de réflexion

Pour tenter d’améliorer quelque peu la situation, Build Europe livre des pistes de réflexion et d’action, au travers de quatre leviers :

programmation et planification, avec la relance de la construction, notamment en utilisant davantage les friches (faire du neuf avec de l’ancien), en complément de « l’ouverture maîtrisée à l’urbanisation de nouvelles zones » ;
politique fiscale, avec la réduction du poids de la fiscalité pour le logement et le développement de taux réduits de TVA, ou encore la mise en place d’aides ciblées afin d’aider au développement d’une offre de logements abordables, tant en accession qu’à la location ;
réglementations, en faisant en sorte que l’ambition environnementale, que partage Build Europe, ne vienne pas entraver l’accession au logement en réduisant encore un peu plus leur nombre. De plus, Build Europe considère que certaines mesures ont parfois été inutiles et réclame un moratoire sur la question, ainsi qu’une pause normative de cinq ans afin de permettre à l’ensemble des acteurs de la construction de s’adapter à toutes ces nouvelles normes ;
écoute et partenariat, notamment à l’occasion de la présidence française de l’Union Européenne, entre les professionnels privés et publics, devant accélérer la transition vers une économie décarbonée.

Crise du logement en Europe : comment s'en sortir ? Les réponses de Build Europe