De façon générale, les propositions ayant suscité le consensus le plus large sont celles étant les moins coercitives et les moins clivantes. Sur la thématique de la ville jugée désirable, une piste en priorité a séduit les internautes : celle de la construction à l’échelle du quartier, pour que ce dernier puisse fournir l’ensemble des services et des fonctions nécessaires à la vie quotidienne : habitat, services, commerces, espaces verts, transports publics. Une forme de contre-exemple de la ville imaginée dans les années 1970 où quartiers résidentiels et de bureaux ne se mélangeaient pas, sans parler des zones commerciales reléguées en périphérie des villes, obligeant les riverains à davantage utiliser leurs voitures. En revanche, la concentration de la ville, conséquence directe de la fin de l’étalement urbain afin de limiter de moitié l’artificialisation de nouveaux sols, soulève nettement moins l’enthousiasme.

Des villes plus esthétiques

La production locale, via le recours aux circuits courts dans le domaine alimentaire, a aussi la cote. D’une façon plus générale, la conscience environnementale est particulièrement prégnante dans cette étude, avec la volonté des répondants de végétaliser davantage les villes, en y plantant des arbres. Comment ne pas également aborder l’esthétique des villes, où beaucoup de vieux immeubles enlaidissent les pans entiers d’une ville. Les sondés réclament une plus grande attention portée à l’environnement directe des immeubles afin que les nouveaux bâtis s’y fondent parfaitement. Ils réclament aussi une plus grande attention à l’endroit des personnes souffrant de handicap, ainsi qu’aux femmes qui doivent, selon eux, mieux se réapproprier l’espace public sans systématiquement craindre d’être agressées.

Réutilisation de l’existant

Concernant les mobilités, la question a été la plus débattue de la consultation. De façon générale, les propositions promouvant le développement des transports en commun et des mobilités douces (vélo, piéton…) suscitent un plébiscite important. Sur cette question, les propositions trop clivantes sont logiquement rejetées, à l’image de celles excluant purement et simplement les voitures des centres-villes. Idem pour les voitures électriques, qui ne font pas consensus, même en cas d’aides conséquentes à la conversion des véhicules.

Sur le volet de la préservation et de la réutilisation de l’existant, l’engagement à la rénovation et l’isolation des bâtiments emporte une forte adhésion. Tout comme, du reste, le réemploi des matériaux ou la réutilisation des eaux de pluie.

Pour les sources d’énergie à privilégier, le débat est encore loin d’être tranché. Si aucune proposition ne plaide pour le maintien des énergies fossiles, le choix entre différentes énergies faiblement carbonées à utiliser est partagé : certains préconisent le solaire, d’autres l’éolien, d’autres le nucléaire. La géothermie, quant à elle, fait quasiment l’unanimité.

Le spectre d’un nouvel impôt

Pour rejoindre un point soulevé plus haut, les Français ont tendance à plaider pour des solutions non-contraignantes, le spectre d’un nouvel impôt pour soutenir un projet pourtant vertueux d’un point de vue écologique hantant la plupart des contribuables. C’est ce qui s’était passé avec la taxe carbone instaurée par le gouvernement à son époque et qui avait précipité le début du mouvement des gilets jaunes. En revanche, les logiques de bonus-malus ou de progressivité des mesures sont mieux accueillies par l’opinion, tout comme l’instauration de fourchettes à respecter et non de données trop précises, une fois encore perçues comme autoritaires et coercitives. Ainsi, le bilan carbone systématique rencontre une part de défiance de la part des citoyens.

Consultation citoyenne : "Comment construire des villes plus durables pour tous ?"...