Ils étaient tous là, attentifs, studieux. Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E.Leclerc ; Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution ; les patrons d’une kyrielle d’enseignes de premier plan, comme Decathlon, Kiabi, Sandro, Maje, Claudie Pierlot, Fursac, La Redoute, Leroy Merlin, Picard, Ikea, Roche Bobois, Grand Frais, Monoprix… Tous présents, tous pressés de se mettre au travail afin de dessiner les grands axes du commerce de demain.

À 15 mois de la conclusion des travaux des Assises du commerce, qui ont été lancées fin 2021, une nouvelle démarche est initiée. Le but ? Bâtir une vraie politique publique pour le secteur du commerce à long terme (au moins à l’horizon 2030), sur le modèle de ce qui été fait pour l’industrie avec son Conseil national. « Le commerce est au cœur de notre compétitivité, de notre richesse, de notre société » a introduit Olivia Grégoire, précisant que ce secteur stratégique représentait, à lui seul, plus de 700 000 entreprises, générait un chiffre d’affaires de 1 450 milliards d’euros et faisait travailler environ 3,6 millions de personnes. Rien que ça. « Les commerces sont le premier employeur dans de nombreuses villes et villages. Lorsque l’un d’eux ferme, c’est la vie d’un village qui se meurt » a poursuivi la ministre. Désormais, elle souhaite que le secteur fasse office de véritable courroie de transmission dans la décision des politiques publiques, qu’il intervienne en amont de leur vote, pour participer activement au débat, faire des propositions, être moteur.

Une fois par trimestre, le CNC se réunira en séance plénière. Dans l’intervalle, une dizaine de groupes de travail, auxquels la centaine d’organisations professionnelles recensées (des grandes surfaces jusqu’aux indépendants) sera appelée à participer, aura lieu. A chaque séance plénière sera associée une grande thématique : logistique urbaine, digitalisation, formation professionnelle, rénovation des zones commerciales et des entrées de ville… Le ministre aux prises avec les thématiques à l’ordre du jour (ministres du Travail, de l’Enseignement supérieure, du Numérique…) sera invité à venir débattre avec les professionnels à chaque nouvelle échéance. Pour cette première séance, le thème de l’écologie ayant été retenu, c’est Christophe Béchu, en charge de la Transition écologique, qui était présent.

Pour Olivia Grégoire, trois défis majeurs doivent être relevés par les commerces : la transition écologique, le nouveau relai de croissance du commerce de demain, qui devra être d’usage et non plus de propriété (vendre plus, avec moins de mètres carrés, grâce à l’omnicanalité), l’adaptabilité des modèles et des offres. Concernant le thème du jour, la transition écologique, Christophe Béchu a plaidé pour une « sobriété foncière et énergétique » des commerces. « Nous devons trouver le bon équilibre entre le développement de zones commerciales et le respect de la sobriété foncière, investir des friches existantes » a-t-il défendu. Les panneaux photovoltaïques sur les toits des parkings ont, par exemple, été évoqués, tout comme la récupération et le recyclage des emballages.

Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, s’est également exprimé, appelant au dialogue de l’ensemble des acteurs du secteur et les enjoignant à ne pas s’opposer les uns aux autres. « Ça ne doit pas être les petits commerces contre les acteurs de la grande distribution, les TPE/PME contre les grands groupes » a-t-il exhorté. « Je crois aux complémentarités et non aux oppositions ! ». Il a également incité les acteurs à axer leur stratégie sur la numérisation et la digitalisation : « il y a encore trop peu de petits commerces qui disposent d’un site internet. Or, c’est aujourd’hui indispensable, comme la crise sanitaire est venue nous le rappeler. Il faut une marche forcée sur la digitalisation des commerces ». Que le travail commence !

Conseil National du Commerce : c'est officiellement parti !