Sur la période allant de janvier à septembre 2023, les magasins ont réalisé des chiffres d’affaires en hausse de 3,3 % comparativement à 2022. Si l’activité du mois de septembre inquiète (-4,2 % de chiffre d’affaires), le mois d’octobre ne devrait guère être plus reluisant, avec une anticipation de -11,1 % de fréquentation des points de vente. Pour autant, la fréquentation est surtout attendue par les commerçants à partir de novembre et, surtout, en décembre (période de fêtes). « Il faut que l’activité reparte car c’est le résultat des entreprises qui se joue » a affirmé le délégué général.

D’autant plus que la hausse de 3,3 % de leur chiffre d’affaires réalisée par les magasins depuis janvier correspond à la valeur et non aux volumes. En effet, avec l’inflation, les prix ont naturellement augmenté, ce qui fait gonfler artificiellement le chiffre d’affaires, alors même qu’il n’y a pas plus de ventes. Les ventes en volume ont donc stagné entre 2022 et 2023, les prix ayant, en moyenne, augmenté de 3 %.

Tous les secteurs ne sont pas, sans mauvais jeu de mots, logés à la même enseigne. La « surperformance » notable est à mettre au crédit de la beauté-santé, « secteur atypique », avec des ventes magasins qui restent soutenues par rapport à 2022 (+10,1 %) et ce, malgré une hausse des prix conséquente (+16 % en un an) pondérée par une multiplication des opérations de promotion. Du côté de l’alimentaire spécialisé, restauration, services et optique, le statut quo est de mise entre 2022 et 2023, avec des performances alignées avec la moyenne globale du commerce spécialisé : +3 à +4 % de valeur, donc des volumes comparables entre les deux années. Les équipements de la personnes et de la maison, ainsi que les articles de sport connaissent des croissances très faibles en valeur par rapport à 2022 (entre 0,1 et 1,5 %), tandis que le secteur cadeaux-culture-jouets est en grande difficultés (-3,3 %). Comme affirmé plus haut par Emmanuel Le Roch, les achats de fêtes sont, de ce point de vue, particulièrement attendus et seront scrutés à la loupe par les professionnels.

À noter : les ventes sur le web réalisent de moins bons résultats que ceux des magasins avec une hausse très faible (1,1 %), trois fois inférieure à celle des points de vente. Le secteur de la chaussure est, d’ailleurs, le seul dont les ventes sur le web (+6 %) sont mieux orientées que celles des magasins (+1,5 %).

En ce qui a trait aux perspectives pour les mois qui viennent, Emmanuel Le Roch énumère certains facteurs macroéconomiques qui pourraient favoriser de nouveau la consommation des produits non-alimentaires au cours des prochains mois (source : Insee), dont fait partie la contraction de l’inflation conjuguée à un pouvoir d’achat maintenu. Suffisant pour relancer la machine ? Pas sûr, lorsque l’on sait que la confiance des ménages français est au plus bas ; des Français qui n’ont, malgré tout, jamais accumulé autant d’épargne et disposent donc de ressources disponibles pour consommer. « Il est impératif que la hausse des prix des produits alimentaires soit stoppée pour redonner de l’air aux ventes non-alimentaires et aux capacités de dépenses des Français dans ces secteurs » a prévenu le délégué général. Au-delà d’un potentiel pouvoir d’achat rehaussé, c’est surtout la capacité des Français à retrouver la confiance qui est en question, eux dont le pessimisme n’a jamais été aussi prégnant. Un sentiment renforcé par l’accumulation de crises qui secouent actuellement la planète.

Dans ce contexte, Procos rappelle que c’est l’ensemble du modèle économique des enseignes qui est en danger. « Les coûts augmentent plus vite que la masse de marge » alerte Emmanuel Le Roch. Augmenter les prix pour compenser n’est évidemment pas la solution, sous peine de faire fuir les clients. Si les enseignes ne peuvent pas agir sur le coût de l’énergie et leur masse salariale, ils demandent au pouvoir, ainsi qu’aux bailleurs de consentir un effort sur les loyers « si l’on ne veut pas mettre en danger les réseaux ou suspendre les investissements indispensables et urgents ». Ainsi, s’il n’est pas encadré et plafonné, l’indice des loyers commerciaux pourrait faire croître les loyers des magasins de 13 à 14 % en deux ans. « Le gouvernement et le parlement n’ont pas voulu plafonner à 3,5 % pour tous les acteurs ; c’est une erreur. Il faut donc que les bailleurs décident de le faire eux-mêmes ! ». S’ajoutent les nombreuses contraintes réglementaires et autres injonctions à la décarbonation. Autant de sujets à propos desquels Procos jure d’être attentif…

Commerce spécialisé : "une activité 2023 chaotique et imprévisible"