« Il faut agir vite car le risque de « décommercialisation », de « dévitalisation » de certains territoires n’a jamais été aussi fort. Or, il faut faire du commerce et de ses entreprises le fer de lance de la transition écologique, de l’inclusion et de la compétitivité » introduit Laurence Paganini, présidente de Procos. En effet, l’ensemble du commerce spécialisé a marqué le pas en 2022, avec des ventes toujours en retrait par rapport à l’année de référence (car avant Covid) 2019 : -2,5 % pour les magasins et -1,5 % en cumulant magasins et internet. Les situations sectorielles varient en fonction du type de produits vendus, la chaussure étant le secteur le plus impacté (-10,2 %), devant l’habillement (-6,5 %), la beauté-santé (-4,5 %) et la culture-jouets-cadeaux (-4,5 %). En revanche, trois secteurs connaissent en 2022 une activité supérieure à celle de 2019 à l’issue des neuf derniers mois : alimentaire spécialisé (+16,2 %), équipement de la maison (+6,4) et sport (+5 %). Le cinéma est en chute libre, avec une fréquentation en baisse de 30 % depuis janvier 2022 (par rapport à 2019). Le secteur de la restauration à table est également en crise, peinant à retrouver sa fréquentation d’avant-crise ; le secteur est à -7 % sur la période, impacté par le télétravail et un retour compliqué aux activités culturelles telles que le cinéma et le théâtre. Le secteur est également marqué par la poursuite de la livraison qui ne croît plus, mais reste très supérieure à l’avant-Covid. Enfin, si la fréquentation physique des commerces n’est pas au beau fixe, les ventes sur internet ne sont pas non plus transcendantes, avec une baisse de 15,8 % observée sur la période de janvier à septembre 2022.

Optimiste assumé

L’activité du mois de septembre s’est paradoxalement montrée satisfaisante, faisant figure d’exception dans ce marasme ambiant. Ce mois de rentrée a été meilleur que septembre 2021 (+7 % en magasin) et même que septembre 2019 (+5,5 % en magasin). Septembre 2022 est également le premier mois depuis février qui aura connu pour les enseignes une hausse des ventes internet par rapport à 2021 (+4,7 %), alors que celles-ci baissaient depuis sept mois. Ce bon mois de septembre s’explique, entre autres, par une surperformance des enseignes dites « entrée de gamme/discount », qui ont profité de la hausse des prix pour proposer des offres avantageuses et attirer ainsi plus de clients.

« Nous avons décidé d’être optimistes pour cette fin d’année, les Français continuant de montrer leur appétence pour la consommation » insiste Emmanuel Le Roch. Procos a listé différents paramètres pouvant influer sur l’activité du commerce au cours des prochains mois : coût de l’énergie, coût des approvisionnements, baisse du coût du transport maritime, augmentation du transport terrestre, indexation des loyers, augmentation des salaires et baisse de la fiscalité (CVAE). « Il faut rappeler que le secteur doit multiplier par deux son investissement pour répondre aux enjeux de la transformation énergétique, à la construction d’une offre plus responsable, écoconçue et circulaire, ainsi qu’aux financements digitaux pour affronter la plateformisation de la société » rappelle Emmanuel Le Roch. Façon de dire que ces coûts ne sont pas rétractables et font intégralement partie de la nouvelle équation imposée aux commerçants.

Proposition de plusieurs pistes

Pour conclure, Procos réclame que plusieurs urgences soient prises en compte par les pouvoirs publics :

plafonnement du prix de l’énergie pour 2023 et rétroaction sur les contrats déjà signés ;
clôture, de la part du gouvernement, des Assises du commerce afin de mieux impulser une politique du commerce en France à travers un Plan commerce 2030 ;
accord avec les bailleurs afin de limiter l’indexation de l’Indice des loyers commerciaux à +3,5 % pour les loyers de toutes les entreprises en 2023 ;
mise en œuvre des modalités qui fassent que, dès 2023, le PGE (prêt garanti par l’Etat) ne soit pas un handicap pour les investissements et la signature financière des entreprises de commerce de toute taille ;
confirmation de la suppression de la CVAE (cotisation de la valeur ajoutée des entreprises) en 2023 (au pire 50 % sur deux années 2023 et 2024) ;
création des conditions d’un doublement de l’investissement des entreprises du commerce de toute taille pour contribuer à la transition écologique et à la transformation de l’offre par des modalités de suramortissement et des financements spécifiques ;
contrôle du respect des règles et normes produits par tous les acteurs, y compris toutes les plateformes et sites internationaux.

Commerce spécialisé : Procos dresse le bilan des 9 premiers mois de 2022