Le coworking, ces tiers-lieux usités jusqu’alors en majorité par des travailleurs « free lance » et auto entrepreneurs, pourrait devenir non plus une « variable d’ajustement de m2 » pour une PME ou une grande entreprise, mais une vraie alternative, dans un « nouveau monde du travail ». Le Sénat, représentant des territoires et des élus de France, en a saisi l’enjeu et présentera, sous la signature du sénateur de Paris Julien Bargeton, une proposition de loi devant le Parlement.

Un soutien aux entreprises nécessaire

Un texte dont se félicitent les grands acteurs du secteur, qui ont, pour certains, été force de proposition. : « nous avions, dans un premier temps, interpellé quelques sénateurs sur le sujet du ticket bureau (voir dans le texte de la proposition, article 6) et souhaité faire prendre conscience aux élus que ce marché est un élément essentiel pour favoriser le télétravail » raconte Clément Alteresco, fondateur de Morning, et acteur « pionnier » du secteur en France. « L’idée était de demander un soutien afin que nos entreprises puissent plus facilement accueillir des salariés d’entreprises et qu’émerge, ainsi, une nouvelle offre ». Cette « nouvelle offre », de proximité, à courte distance des lieux de vie des utilisateurs, ne serait, en effet, selon Clément Alteresco, « pas suffisante » hors de Paris. Pourtant, les besoins sont de plus en plus réels et entrent en synergie avec la volonté des salariés de ne plus subir la contrainte des transports et celle d’un gouvernement qui plaide en faveur des mobilités douces et d’une transition énergétique. Un marché nouveau pourrait donc tout à fait se dessiner.

Des espaces de travail de proximité

« Dans toutes les villes, demain, il y aura des espaces de travail partagés si le gouvernement soutient cette démarche, les maires en sont déjà convaincus » soutient le créateur de Morning,. Avec quelques préventions, cependant : « il faut, pour que ces espaces perdurent, que la demande elle aussi perdure, que les grands groupes se voient soutenus dans leur éventuelle volonté de changer les modes de travail. Une entreprise qui comptait 1 000 postes de travail dans son siège social et voit aujourd’hui ses salariés télétravailler un ou plusieurs jours par semaine, n’a plus le même besoin en matière d’immobilier ». Côté salarié, la proposition pourrait plus que séduire : selon des études récemment publiées, le 100 % télétravail causerait déjà de nombreux « dégâts », psychologiques, physiques (troubles musculo-squelettiques) et autres. Sans compter une productivité qui faiblit à l’usage. Un nouvel équilibre « bureau », « maison » et espace de coworking de proximité resterait à trouver… « et à être encouragé par l’Etat » considère Clément Alteresco, qui estime que le soutien pourrait tout à fait être temporaire, le temps de lancer le mouvement. « La seule solution est d’aider les entreprises à ne pas accuser de double coût : celui de leurs locaux et celui des postes en espaces de coworking ». Des systèmes « hybrides » sont donc à inventer. La proposition de loi, dont vous retrouvez les éléments clés ici, est la première étape. On sait d’ores et déjà que de grands acteurs de l’immobilier sont prêts, si ce soutien devient réel, à s’engager, loin de la Capitale. Une chance pour ce que certains nomment la « France des territoires ». Et une proposition de loi à suivre donc avec beaucoup d’attention…

Clément Alteresco (Morning) : "demain, des espaces de travail partagés partout en France"