Edito

Champs-Elysées : le moment est (bien) venu

28 Mai 2024 - 12h50
©PCA-STREAM
©PCA-STREAM

L’initiative est suffisamment originale pour être saluée : grâce aux contributions des acteurs (propriétaires et commerçants), un document sérieux, complet et appuyé sur des études de belle qualité propose tout simplement de faire renaître non seulement « l’avenue la plus célèbre du monde », mais aussi de créer un véritable « quartier ». Bref de « faire ville ». Ce pari audacieux, fédéré par le Comité Champs-Elysées, dont le président Marc-Antoine Jamet, secrétaire général du groupe LVMH (également président du Cercle Pierres d’Or), est un élu local et un acteur influent de l’avenue, s’est appuyé sur les fonds et les connaissances de rien moins que des structures les plus importantes du monde immobilier dans l’Hexagone.

Qu’on en juge par la liste des partenaires : AG Real Estate, Gecina, Generali Real Estate, Groupama Immobilier, Hines, Icade, JC Decaux, LVMH, Richemont, SFL, mais aussi 52 Capital, Ardian, Mall & Market, Galeries Lafayette Champs Elysées, Publicis Groupe, Redevco, Atelier Logistique Champs Elysées. Dans un pays où l’urbanisme est traditionnellement une affaire réservée aux élus ou aux technos qui les accompagnent, il était donc particulièrement intéressant de découvrir hier, au théâtre Marigny, la présentation par Marc-Antoine Jamet et Philippe Chiambaretta (PCA Stream) de 150 (!) propositions visant à « réenchanter les Champs Elysées ». Des plus structurantes (diminuer le poids de la voiture en passant de 6 à 4 files, changer l’utilisation des souterrains au-dessous de la place de l’Etoile, augmenter la végétalisation) aux plus ouvertes sur tout le quartier (4 projets pour la place de la Concorde, rendre vie à la partie « basse » des Champs, recréer un lien avec la Seine…), on est séduit par le travail réalisé. Le premier adjoint à la Maire de Paris, Emmanuel Grégoire, est apparu, comme toujours, mesuré dans ses réactions : il est dans l’ensemble plutôt d’accord avec les idées présentées, mais il faudra « évidemment » en examiner le détail. Car, bien sûr, reste à chiffrer le coût de ces mesures… et à définir les clés de répartition de la charge financière. Bref, les négociations seront rudes et, même si Marc-Antoine Jamet insiste sur le fait que « nous avons épuisé les plaisirs des préliminaires » (le Comité Champs-Elysées a confié une mission de réflexion à PCA-Stream en… juillet 2018), il est probable que quelques (trop longues) années soient encore nécessaires pour la mise en œuvre des propositions qui seront retenues.

Mais l’existence de ce document (qui comprend 1 800 pages et 470 cartes), entièrement financé par l’initiative privée, est en soi un événement. Et, comme Sacha Guitry, « faisons un rêve » : que d’autres comités, dans d’autres points stratégiques de la Capitale, soient facteurs de projets et de propositions. N’est-ce pas cela, aussi, la démocratie participative ?

Pascal Bonnefille