Que changera le reconfinement dans votre vie future et votre stratégie ?

Comme tout le monde, les adhérents de l’Unafo (Union professionnelle du logement accompagné) qui gèrent des résidences sociales et logent des personnes en difficultés d’accès et de maintien dans un logement, ont appris à vivre avec le virus et à adapter leurs missions. Le premier confinement ayant pris tout le monde de court, il avait fallu s’organiser, sans matériel de protection, pour garantir la continuité de l’accès au logement accompagné des personnes les plus vulnérables.

Sur le terrain, les gestionnaires ont montré leur capacité à s’adapter dans l’urgence et s’organisent maintenant dans la durée pour éviter la propagation du virus auprès des personnes les plus vulnérables. Le reconfinement, organisé dans des conditions différentes s’est, sans nul doute, déroulé dans de meilleures conditions. Les acteurs ont ainsi pu poursuivre en présentiel leurs missions d’accompagnement, plus qu’essentielles pour maintenir le lien auprès des personnes logées au sein de leurs résidences : travailleurs précaires, migrants, jeunes travailleurs…

Même si l’on s’approche d’un déconfinement encore plus progressif que le premier, il n’en reste pas moins que cette situation, qui va de fait perdurer, va laisser des traces au sein des acteurs du logement accompagné : en termes de gestion des ressources humaines, de pratiques professionnelles pour accompagner les résidents, mais aussi en termes de partenariats avec les acteurs locaux, de préparation à la gestion d’une telle crise sanitaire qui est appelée à se renouveler. C’est donc l’ensemble de la stratégie de chaque adhérent qui doit être adaptée. Il est, toutefois, certain que l’accompagnement attentionné assuré par nos adhérents s’est révélé particulièrement précieux en situation de crise.

Etes-vous optimiste devant la crise sanitaire ?

A la crise sanitaire, succède une crise économique qui va percuter directement les personnes que nous logeons. Il n’y a donc, malheureusement, aucune raison d’être optimiste. La situation des jeunes d’une manière générale est particulièrement préoccupante, comme celle des travailleurs précaires ou saisonniers. Nous voyons déjà des situations sociales compliquées, avec le recours renforcé à l’aide alimentaire, par exemple ou des difficultés d’accès aux droits. Avec la crise, des amortisseurs sociaux se sont mis en place, mais la situation va devenir très critique au fur et à mesure, quand certains droits arriveront à leur terme. De plus, l’impact du confinement et reconfinement sur la santé mentale d’un certain nombre de personnes logées n’est pas anodin et va perdurer.

Cette crise nous rappelle à quel point disposer d’un logement est primordial et confirme la pertinence de la politique du Logement d’Abord. Les résidences sociales doivent jouer pleinement leur rôle dans sa mise en œuvre. Elles apportent une réponse adaptée au besoin de logement de personnes aux revenus modestes ou en situation de précarité. L’offre de logements en résidences sociales reste, malheureusement, insuffisante, tout particulièrement dans les zones tendues. Les derniers chiffres publiés font état d’un recul dans la production qui ne peut qu’inquiéter.

Nous voulons donc croire que cette crise a montré la nécessité d’une politique volontariste dans ce domaine avec une réelle stratégie de développement de l’offre et la fixation d’objectifs dans la cadre de la politique du logement d’abord.

Cap sur l'Avenir avec... Arnaud de Broca