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Décrypter l’objet de design et son lien avec le vivant dans sa composition, sa forme, son caractère ornemental et son processus de production : c’est ce que propose l’exposition « Matière vivante », dont l’inauguration aura lieu le mardi 5 septembre au Pavillon de l’Arsenal. C’est le choix Immoweek du jour !
Par la présentation de trois projets, réels « recherches d’expérimentations », les artistes interrogent le design sur les ressources organiques ou recyclées, comme la laine de mouton ou le papier, dans leur manière d’évoluer dans le temps. Travaillant à réduire l’impact énergétique des processus de fabrication (en excluant les procédés de cuisson, par exemple) et libérant le potentiel technique et esthétique de matériaux issus d’une matière organique disponible, les trois projets de design innovent pour faire dialoguer tissus vivants et objets inanimés.
Les designers Marlon Bagnou-Beido et Soufyane El Koraichi travaillent la laine pour repenser l’isolation, composante impérative pour une réduction de la consommation de chauffage, comme un élément outil architectural à part entière. Ils proposent d’observer le cycle de transformation du matériau et d’intervenir à trois moments, donnant ainsi lieu à trois prototypes. Le premier est un système d’isolation par l’extérieur qui tire parti du stockage de laine brute au moment de la tonte. Le second est un procédé de fabrication de panneau d’isolation intérieur semi-rigide, facilement réversible et tirant parti de la souplesse de la laine cardée (laine de mouton). Le dernier prototype correspond à une surface chauffante à base de tissu non tissé destinée aux lieux partagés, qui propose un chauffage économique en énergie en chauffant les corps plutôt que les espaces.
À travers le projet « Back to dirt », les « designeuses » Miriam Josi et Stella Lee Prowse créent un processus de production « bio-inclusif » au sol qui conçoit la nature comme un partenaire. Cette installation se concentre sur la capacité des racines de champignon à décontaminer les sols et à contribuer à la biodiversité. À l’aide de cette matière vivante, les deux « designeuses » conçoivent des objets d’exposition qui sont eux-mêmes évolutifs et permettent aux visiteurs de voir la transformation de la matière tout au long du temps d’exposition.
En recyclant le papier, matériau issu de la décomposition de fibres végétales, les « Carreaux de papier » développés par Aude Le Stum et Nicolas Bellet réinterprètent les carreaux de ciment de façon durable, en remplaçant la recette traditionnelle par un mélange composé de papier. Chaque année, les Français consomment près de 9 millions de tonnes de papier, soit l’équivalent de 130 kilos, en moyenne, par habitant. Avec des dimensions similaires à un carreau traditionnel de ciment, le carreau de papier est, en moyenne, 40 % plus léger que son homologue 100 % ciment. D’une résistance à la compression similaire au béton, il est résistant au feu et possède une isolation thermique et acoustique intéressante. Couplé aux techniques actuelles, le papier apparaît donc comme une ressource idéale dans le milieu de la construction. En dalles ou comme revêtement, il vient alléger les quantités de sable et de ciment utilisés, avec pour objectif final de remplacer au maximum ces derniers.